Mylo ? Souvenez-vous, nous l'avions découverte (en France), avec quelques-unes de ses compatriotes, à l'occasion du Paris FinTech Forum, au début de l'année. Sa solution invitait alors les consommateurs à investir automatiquement les centimes d'arrondis de leurs dépenses – et des contributions complémentaires, ponctuelles ou récurrentes, pour ceux qui peuvent se le permettre – dans un portefeuille d'épargne destiné, d'abord, à les aider à faire face à un coup dur, puis à préparer des projets plus ambitieux.
Cette offre de base, facturée 1 dollar par mois, s'enrichira donc bientôt d'une grande sœur, baptisée Mylo Advantage, qui, comme son nom l'indique, introduira quelques possibilités supplémentaires, pour 3 dollars par mois (toujours fixes, tout compris). Parmi les nouveautés, la mise en place de comptes d'épargne réglementée et défiscalisée (« TFSA » et « RRSP »), les cadeaux et réductions de la part de partenaires ou encore l'option de retrait rapide des fonds apportent un surcroît de valeur directement perceptible.
En revanche, le choix d'inclure dans cette palette de services haut de gamme un fonds d'investissement responsable – défini par une sélection de supports dont les entreprises sous-jacentes défendent des valeurs sociales et environnementales – est plus surprenant. En effet, qui imaginerait a priori de demander aux consommateurs de payer plus cher pour obtenir le privilège d'accéder à un produit aligné avec des préoccupations de développement durable, équitable, éthique… ? Probablement des visionnaires…
Une première manière d'interpréter l'initiative de Mylo – légèrement cynique, un peu dans l'esprit de la théorie des nudges – consisterait à y voir une tentative de présenter l'investissement responsable comme une approche de luxe, ce qui aurait pour but de susciter l'intérêt de personnes pas nécessairement sensibilisées à ses enjeux. Dans ce cas, elle porterait principalement l'engagement de la startup elle-même, qu'il resterait toutefois à compléter avec une véritable démarche pédagogique auprès des clients.
Autre hypothèse, et elle n'est pas exclusive de la précédente, la mise à leur disposition d'un fonds correspondant à leurs convictions profondes pourrait être considérée par les consommateurs réellement impliqués comme un avantage méritant un surcoût, à l'instar de l'acceptation généralisée des prix plus élevés des aliments « bio ». Le raisonnement n'est probablement pas très répandu à l'heure actuelle, mais il est imaginable qu'il se développe, faisant alors de Mylo un précurseur avisé.
Quoi qu'il en soit, la startup nous livre ici une magnifique démonstration de sa capacité à identifier une attente forte – quoique latente, dans la plupart des cas – de ses utilisateurs et à lui apporter une réponse pas tout à fait conventionnelle. La sensibilité sociale et environnementale des citoyens, notamment parmi les jeunes générations, est en forte hausse depuis quelques années et les entreprises qui savent s'associer concrètement aux causes qu'ils défendent bénéficient naturellement d'une plus grande confiance.