Prenez une ville où toutes les crises actuelles sont à l’apogée : pollution industrielle, chômage, migrants. De quoi baisser les bras. Mais à Grande-Synthe, ils se battent pour résister. En sortie le 10 octobre dans les salles françaises.
« Il n’y a pas seulement pour l’humanité la menace de disparaître sur une planète morte. Il faut aussi que chaque homme, pour vivre humainement, ait l’air nécessaire, une surface viable, une éducation, un certain sens de son utilité. Il lui faut au moins une miette de dignité et quelques simples bonheurs. » Cette phrase de Marguerite Yourcenar insérée en début de film marque son projet : rendre sensible, à l’exemple d’une ville et de son maire remarquables, la possible remise en cause de l’exploitation désordonnée du monde dont la finalité principale est de produire des inégalités sociales.
Damien Carême
Le problème, c’est que le monde d’aujourd’hui est toujours plus complexe et que les crises s’y multiplient. Et les crises actuelles, Grande-Synthe y est confrontée de plein fouet : économique avec un fort taux de chômage, environnementale avec des industries très polluantes et dangereuses, migratoire à proximité de Calais, sur le chemin de l’Angleterre. Sous l’impulsion de son charismatique maire EELV[1] Damien Carême et des associations, des solutions collectives sont recherchées pour engager la transition écologique, si bien que cette ville de près de 25 000 habitants dont
Des jardins partagés au pied des barres de HLM, un carnaval pour faire la fête, un grand parc aménagé pour redonner de l’air malgré la pollution, un aménagement écologique de l’environnement urbain avec promenades et canaux, une université populaire, une grande médiathèque et la multiplication des lieux culturels et sportifs, des logements sociaux économes en énergie, le bio généralisé dans les cantines, l’étude approfondie des comportements animaux pour les protéger… En 2010, Grande-Synthe a obtenu le titre de capitale française de la biodiversité.
Béatrice Camurat-Jaud prend cette fois le rôle de réalisatrice alors qu’elle avait précédemment produit et distribué les films de son mari sur les urgences environnementales : Nos enfants nous accuseront (2008), Severn, la voix de nos enfants (2010), Tous cobayes ? (2012), Libres ! (2015). Le film est empreint de cette angoisse face au futur et de cette empathie pour ceux qui se bougent pour changer de paradigme. Pour se détacher d’un reportage, il est construit en puzzle. Des jeunes d’origines variées partagent leurs réflexions : ce sont les comédiens de la Compagnie des Mers du Nord, animée par Brigitte Mounier.
A l’heure où l’on est tenté de baisser les bras face au devenir du monde, ce film donne un bon coup de bélier pour se remettre en résistance !
[1] EELV : Europe Ecologie – Les Verts, parti que Damien Carême a rejoint en 2015 après avoir milité au Parti socialiste.