Et une nouvelle fournée de lecture, une !
Petite nouveauté toutefois car en plus des romans que j'ai lus ce mois-ci je vous parlerai également de BD et de magazines inspirants.
Pour n'avoir pu présenter sa carte de fidélité au supermarché, un auteur de bandes dessinées est confronté à un vigile avec lequel il a une altercation. Il parvient à s'enfuir et sa traque par la police provoque une réaction en chaîne: les médias s'emballent, la société se divise.
Mon avis :
J'ai beaucoup entendu parlé de Fabcaro cet été et ma curiosité l'a emporté ! Dans cette courte BD une histoire complètement folle dans laquelle l'auteur dénonce l es aberrations de notre société avec un humour et un second degré implacable façon road movie. Le point de départ : le protagoniste qui en faisant ses courses est interpellé par les vigiles du magasin parce qu'il a oublié sa carte de fidélité... S'en suit une course poursuite entre lui et les forces de l'ordre. Une histoire totalement barrée mais qui au fond dit bien des choses sur notre vie de tous les jours !
Un ovni au pays des planches !
Quelques extraits :
- - Et comme par hasard c'est un auteur de BD... Je te les foutrais tous dans un charter moi et hop, direction Bruxelles.
- Non mais attends comment tu peux dire un truc pareil ?! C'est ignoble !!
- Amandine...
- Pour toi, tous les auteurs de BD ont pas leur carte du magasin, c'est ça ? Bonjour le cliché dégueulasse...
- Amandine, ne caractérise pas, ton père n'a pas dit ça...
- Je dis juste que voilà, à force...
- Putain mais t'es un gros facho en fait !
- Amandine ! On ne parle pas comme ça à son père !
- J'en ai rien à foutre ! J'en peux plus de vivre avec des vieux cons ! Vous pensez qu'à vous ! Tout ce qui vous intéresse c'est votre petite vie bourgeoise ! Vous vous êtes même pas aperçus que j'avais mis des lacets de couleurs différentes pour exprimer mon refus de cette société pourrie ! - -En tant que voisins du fugitif, diriez-vous que c'est l'incompréhension totale ?
-Oh oui, c'est l'incompréhension totale.
-Diriez-vous qu'ici c'est la stupeur ?
-Oh oui, ici c'est la stupeur.
-Diriez-vous que vous sentez un climat d'insécurité croissant ?
-Oh oui, on sent un climat d'insécurité croissant.
-Une forme de ras-le-bol aussi j'imagine ?
-Oh oui, une forme de ras-le-bol.
-Perdu, j'avais pas dit "diriez-vous".
-Ah ah l'enculé. - - Fais pas le con! Rends-toi et tout se passera bien!
- Je veux pas aller en prison! Mes filles vont trop me manquer! En plus j'ai une illus' à rendre pour lundi...
- Je te promets que t'iras pas en prison! Si tu te rends calmement, tu t'en tireras avec 25 min de karaoké grand max!
- Quoi?? Mais puisque je vous dis que je suis innocent!
- Du calme, mon garçon, du calme... Avec un peu de chance, ce sera des chansons faciles...
- Oui mais si c'est "Mon fils
Quelque part entre la banlieue et la campagne, là où leurs parents avant eux ont grandi, Jonas et ses amis tuent le temps. Ils fument, ils jouent aux cartes, ils font pousser de l'herbe dans le jardin, et quand ils sortent, c'est pour constater ce qui les éloigne des autres.
Dans cet univers à cheval entre deux mondes, où tout semble voué à la répétition du même, leur fief, c'est le langage, son usage et son accès, qu'il soit porté par Lahuiss quand il interprète le Candide de Voltaire et explique aux autres comment parler aux filles pour les séduire, par Poto quand il rappe ou invective ses amis, par Ixe et ses sublimes fautes d'orthographe. Ce qui est en jeu, c'est la montée progressive d'une poésie de l'existence dans un monde sans horizon.
Au fil de ce roman écrit au cordeau, une gravité se dégage, une beauté qu'on extirpe du tragique ordinaire, à travers une voix neuve, celle de l'auteur de Fief.
Mon avis :
J'ai entendu parler de ce roman lorsqu'il a reçu le prix du livre Inter 2018. Le jury qui l'a élu en parlait avec tant de ferveur que j'ai immédiatement eu envie de le lire. J'ai malgré tout attendu un peu d'avoir la capacité de m'y plonger pleinement.
Le premier chapitre, je dois bien l'avouer ne m'a pas plu. Il ne s'y passe pas grand chose, ça parle d'un combat de boxe, de roulage de joints... Mais je me suis accrochée parce que je savais, je sentais qu'il y avait bien plus que cela. Et en effet, il faut se laisser porter par cette histoire, par la manière dont elle est racontée. Cette histoire, c'est l'histoire de Jonas qui pourrait tout aussi bien s'appeler Kévin, Youssef, Hugo ou Mohamed. C'est un jeune homme qui vit en province dans une petite ville comme tant d'autres. Il vit avec son père dans une banlieue pavillonnaire. Pas la banlieue des barres d'immeuble mais pas le quartier tranquille non plus. Il vit dans l'entre deux, avec vue sur les tours et sur les villas bourgeoises. Ses potes et lui ne sont pas des gosses à problème, ils ont des familles, un toit au-dessus de leur tête, il ne souffre d'aucune discrimination si ce n'est celle que leur impose leur statut de ni riche, ni pauvre. Ça galère, ça se sent mais c'est plus parce qu'ils sont sortis du système scolaire sans trop savoir quoi faire. Ils sont paumés. Ils ne sont ni idiots, ni particulièrement inadaptés, c'est juste qu'ils ne savent pas comment passer de l'adolescence à l'âge adulte. Ils sont le reflet de la jeunesse d'aujourd'hui. Pas de boulot, pas de vocation, pas d'avenir tout tracé. Ce ne sont pas de mauvais bougres, juste des gamins perdus. Alors leur journée c'est jeux de cartes et chichon. Du simple consommateur au dealer, leur rencontre tourne inlassablement autour du spliff. Ils s'ennuient, ils fument et parfois ils repensent à leur jeunesse, leur enfance, lorsque tout leur semblait plus simple.
C'est principalement le point de vue de Jonas que l'on suit à travers ce récit écrit comme ça parle dans les quartiers. Il y a du "wesh gros" toutes les deux phrases et cela donne des dialogues irrésistibles auxquels il faut parfois s'accrocher tout de même pour ne pas perdre le fil. Jonas est un petit gars que l'on a envie de prendre sous son aile. Il semble paumé mais le regard qu'il porte sur sa vie et celle de ses potes est plein de lucidité.
Il y a dans ce roman de purs moments de grâce. Si j'ai moyennement aimé les passages sur la boxe quoique ceux-ci sont extrêmement bien écrits, il y a des passages d'une poésie pure. Comme tout ce chapitre sur les saisons, que j'ai adoré et dont je me souviendrai probablement longtemps, le passage avec la coccinelle aussi à la fois drôle et tellement beau...
L'amour que porte Jonas à la nature m'a bouleversé.
C'est un très grand roman contemporain que voilà.
Quelques extraits :
- La main humaine elle fait des bouquets, des talus, des haies. des parcs. Pour construire il faut forcer la nature. La transformer. Alors que la nature, elle, ne produit aucun déchet.
- On habite une petite ville, genre quinze mille habitants, à cheval entre la banlieue et la campagne. Chez nous, il y a trop de bitume pour qu'on soit de vrais campagnard, mais aussi trop de verdure pour qu'on soit de vraies cailleras. Tout autour, ce sont villages, hameaux, bourgs, séparés par des champs et des forêts. Au regard des villages qui nous entourent, on est des citadins par ici, alors qu'au regard de la grande ville , située à un peu moins de cent kilomètres de là, on est des culs-terreux. Personnellement je n'y connais rien agriculture.
- L'ennui, c'est de la gestion. Ça se construit. Ça se stimule. Il faut un certain sens de la mesure. On a trouvé la parade, on s'amuse à se faire chier. On désamorce. Ça nous arrive d'être frustrés, mais l'essentiel pour nous c'est de rester à notre place. Parce que de là où on est on n'en risque pas de tomber.
- Je suis bien là. Dans cette bulle. Je n'ai de comptes à rendre qu'à la partie de moi la plus complaisante Celle qui cautionne tout du moment qu'on lui pardonne. C'est ma place. Je peux être paresseux, je peux croupir, ne me soucier de rien, je n'ai mal nulle part.
- Fumer n'était plus l'occupation, on fumait en se demandant ce qu'on allait bien pouvoir foutre. On n'était plus dehors. On s'est enfermés. On a opté pour d'autres jeux. Des jeux auxquels on peut jouer assis. On ne se lance plus des glands. On ne se lance plus de boules de neige. On ne se balance plus des ballons de basket dans la gueule. On ne se lance plus que des insultes.
Mon avis :
Il y a des auteurs comme ça que l'on peut lire et relire à l'infini... Roald Dahl fait incontestablement parti de ceux-là.
J'ai beau avoir lu ce petit recueil d'histoires plusieurs fois, je me suis à nouveau régalée !
Quelques extraits :
- Toute sa vie, Mme Foster avait souffert d'une crainte presque pathologique de manquer le train, l'avion, le bateau, ou même le lever du rideau au théâtre. Mis à part cette hantise, ce n'était pas une femme particulièrement nerveuse. Seule la pensée d'être en retard la mettait dans un état tel qu'elle en conservait un tic. Un tout petit muscle, au coin de l'oeil gauche, se mettait à sauter, ce qui lui donnait l'air de cligner constamment de l'oeil. Et cela ne voulait jamais s'arrêter avant le départ, départ sans histoire, départ sans histoire, du train, du bateau, etc; Et cela durait encore près d'une heure après qu'elle eut pris le moyen de transport en question.
Aladino Garib dit le Turc, petit commerçant palestinien, débarque à Puerto Eden, au plus profond du détroit de Magellan, et c'est de sa lampe que surgissent comme par magie des contes magistraux, de merveilleux romans miniatures et des histoires comme Luis Sepulveda en a le secret. On y rencontre des personnages inoubliables dans leur dignité et leur humanité. On y retrouve, entre autres, un dentiste et son ami, vieux chasseur de jaguars et amateur de romans d'amour, une dame grecque d'Alexandrie, un marin de Hambourg amoureux, un fabricant de miroirs dans un hôtel lentement dévoré par la forêt amazonienne, aux confins de l'Équateur et de la Colombie, avant de partir pour une Patagonie que les fantômes de Butch Cassidy et Sundance Kid hantent encore grâce à un chien bien dressé et un astucieux découvreur de trésor.
Mon avis :
Bien que je sois loin d'avoir lu toute sa bibliographie, j'aime énormément Luis Sepùlveda. Je suis heureuse d'avoir retrouvé sa plume à travers ce petit recueil de nouvelles. On y rencontre des personnages inoubliables c'est vrai, malgré tout plusieurs de ces histoires ne m'ont pas plus emballées que ça. D'autres par contre m'ont captivées par leur humour ou leur beauté (Ding dong ding dong! Son las cosas del amor et L'arbre par exemple)
Quelques extraits :
- L'Hôtel Z a peut-être définitivement intégré l'album des souvenirs de tous ceux qui, comme moi, sont passés par là, ont écrit leurs noms dans le registre, occupé des chambres avec le tournoiement paresseux des ventilateurs pour seule compagnie, bu du rhum et de la cachaça, mis de l'ordre dans leurs passions et leurs idées, bercés par la pluie, et décidé de ce qu'ils allaient faire de cette foutue habitude de vivre.
- - Il y a beaucoup à faire, commenta le Vieux.
- Oui. Tout reste à faire, c'est un foutoir continental, renchérit le dentiste.
Je me rends compte que je passe vraiment très peu de temps sur Internet et les réseaux sociaux : je suis complètement larguée !
Demandez-moi quels sont les artistes à la mode, les derniers titres de presse sorties ou les acteurs en vogue et vous verrez à quel point je suis (dé)connectée !
La preuve avec ce magazine dont j'ai découvert l'existence à peine quelques jours avant sa sortie ! Complètement larguée j'vous dis, et au fond, vous savez quoi ? j'aime ça ! Parce que cela prouve que je passe plus de temps dans ma "vraie vie" que sur mon téléphone et j'en suis plutôt fière. Mais revenons à ce magazine parce que c'est bien de ça dont il est question, quand même !
Druidesse est un magazine objet qui donne envie de retrouver une complicité avec la nature dans son ensemble et plus particulièrement avec le monde végétal. De vivre à l'unisson avec les éléments, au diapason des saisons. De réveiller ses sens.
De retrouver sa vraie nature. De s'accorder le temps d'écouter le murmure de la forêt, d'écouter le chant des plantes, de prendre soin de soi, des autres, de la terre et du monde.
Forcément, vous vous en doutez certainement, vous me parlez de connexion à la nature, de prendre le temps, de déconnecter et moi je saute à pieds joints ! Forcément ça me parle, ça me touche, ça me fait vibrer ! Du coup, malgré son prix (15€ quand même) j'ai sauté dessus et je l'ai commandé fissa !
Ce que j'aime, en dehors de la vocation de cette nouvelle parution c'est que c'est un magazine indépendant, sans aucune pub (alléluia !!!) et qu' il aborde des sujets qui m'intéressent énormément et qui rejoignent parfaitement les enseignements que je tire de la pratique du yoga.
Ce premier numéro m'a beaucoup plu car il aborde par exemple les phases lunaires et les rituels que l'on peut y associer, il contient des recettes extrêmement simples, végétariennes et bien souvent réalisées à base d'ingrédients très simples et/ou issu de la nature.
Un très bel objet, inspirant et révélateur de notre besoin de ralentir, de prendre plus soin de nous et de notre environnement, qui invite à se reconnecter à soi, aux énergies subtiles et à l'émerveillement.
https://druideesse.fr/
Cet été, je me suis offert un abonnement de 6 mois au Journal du Yoga, un mensuel d'information indépendant, sans publicité, distribué uniquement par abonnement depuis 17 ans.
Il s'agit d'une revue qui fait le lien entre les professionnels du yoga et les pratiquants. Totalement indépendante, d'aucune école et non affiliée, ses lecteurs sont fidèles à sa liberté de ton, à son ouverture, à la diversité des sujets et des approches et à son respect de la tradition. Les articles sont des invitations à la réflexion, à la créativité et bien-sûr à la pratique.
Unique en son genre, cette publication s'adresse à celles et à ceux qui s'intéressent au yoga, ou veulent se tenir informés de son actualité, de l'actualité de tous les yoga.
Elle aborde, sans complexe et sans vocabulaire ésotérique, les aspects thérapeutiques (avec son cahier Santé Yoga), pratiques (à faire soi-même, postures, respirations, méditation, cuisine), philosophiques, sociétaux (éducation, transmission, écologie, consommation, voyage) et spirituels, toujours dans un souci de nous relier à la vie, ici et maintenant.