Le Livre d'images de Jean-Luc Godard. Une fresque testamentaire qui mêle autobiographie et histoire du cinéma. Un maelström poétique d'images entrecoupées d'explosions qui imposent le silence. C'est exactement cela que nous vivions pendant la guerre. Une explosion qui arrête brutalement tout discours. (Je réfléchis encore combien la douleur de Godard envers l'injustice rendue au monde arabe est vive dans son film). Et la parole reprend : la voix de JLG, fatiguée. Film théorique. C'est son Théorema. Un hommage au cinéma de Dziga Vertov. Une leçon de montage. Et surtout une forte dénonciation de l'Occident." Sous le regard de l'occident" vient ponctuer la toile. Parce que c'est une peinture dénonciatrice qui prend des tons bibliques : le Livre. C'est le livre des trois grandes religions aux mains tachées de sang. Chaque images, ou segment de film, est chargé de sens et renvoie, fait écho, dans l'esprit du spectateur à de multiples autres références, et cela à l'infini. Si infini il y a. Le livre c'est l'Esprit des lois de Montesquieu, c'est l'esprit d'une image, ou bien encore l'âme d'une image. Une réflexion sur la mort, Le mouvement et l'absence de mouvement. Une théorisation extrême, une poétisation extrême, barthésienne. Une abstraction. Loin de toute fiction. Un documentaire extrême.