La guerre, toujours la guerre. L’homme ne sait-il rien faire d’autre ? Et que faire devant la guerre ? Pleurer ? Crier ? S’arrêter ? Elle vient devant nous, cette femme, dans le poème de Jean-Pierre Siméon. Elle est debout. Elle est furieuse. Certes, elle peut être douce, elle peut aimer. Elle prie, mais « c’est sans dieux ». Et surtout, elle ne veut pas comprendre ; comprendre ce serait déjà accepter. Deux femmes ici, ce soir, au milieu de nous, l’une par les mots, l’autre par la musique, font entendre cette prière, cette protestation, cette revendication de la vie, parfois chuchotant, parfois hurlant, selon le rythme d’un texte qui bat, qui souffle, psalmodie et nous saisit là dans les yeux, dans les oreilles, au plus près.
À quoi ça sert ? C’est comme crier « Aïe ! » ou « Merde ! » quand on reçoit sur le pied une pierre. Faut-il attendre de la poésie qu’elle serve à quelque chose ? Ce soir-là, et à chaque fois que ce texte est dit en public, cela sert à relier des femmes et des hommes avec des mots, autour de trois oliviers, des hommes et des femmes qui peuvent aussi parfois être « l’homme de guerre » car « tant pis pour toi tu es né tu es de ce monde » ; c’est à chacun.e que s’adresse le texte.
Et quand bien même la poésie ne met pas fin à la guerre, on peut essayer de faire en sorte « qu’enfin se taise le discours des effets et des causes ». Et de reconnaître que « c'est l'obstination du cerisier qui fait déborder la lumière ».
C’était, ce soir-là, chez Pascale et Frédéric.
Stabat Mater Furiosa, de Jean-Pierre Siméon
mise en scène Emilie Wiest
avec Maud Ivanoff (comédienne) et Aurélie Branger (violon)
Crédit photo: Philippe Domain