Enfant, il était facile de vite devenir athée.
Marcher sur l'eau?
Un buisson jasant?
Une mère accouchant sans faire couchi-couchi, squick squick?
Une force surnaturelle imposant la confusion des langues?
Le ciel ordonnant à Abraham de tuer sa progéniture?
Ressusciter un ami?
Ressusciter après trois jours?
On était enfant naïf, mais pas enfant idiot.
Ce qui nous faisait franchement rigoler était la version de Franco Zeffirelli de 1977 de la vie (mais enfant, on retenait surtout la mort cloutée) de Jésus qu'il avait tournée. Ça passait à la télé à Pâques tous les ans, et c'est devenu LA référence visuelle catholique en 24 images secondes.
Robert Powell était blanc aux yeux pâles! L'oeil pâle est rare à Nazareth. Il est en général, brun. Et la peau est aussi caramélisée. Un Jésus cohérent aurait dû avoir des traits moyen-orientaux. Tout le monde dans la série de Zeffirelli était blanc comme neige! Powell étant peut-être même le plus pâle d'entre tous.
Les petites madames le trouvaient émouvant et peut-être même érotiquement plaisant à imaginer cloué demi nu dans leur lit, mais pour nous les enfants...comment vouliez vous qu'on croit ses sottises? Ne serais-ce qu'un peu?
Dans les églises, les répliques de Jésus allaient maintenant avoir l'oeil bleu ou vert. À la limite, la couleur de l'oeil pouvait peut-être s'expliquer par le fait qu'il était unique. Fair enough. Mais tout son entourage? À d'autres!
Quand Scorcese allait tourner lui aussi, sa vision du Christ, fin 1986, la fable serait encore plus drôle. Jeez aurait un accent de SoHo, NY, Judas Iscariote aurait un accent de Brooklyn, et Ponce Pilate serait british. Après avoir été absolument débutant, la même année.
Amusant.
On en a pas fait de scandale, personne. On a juste tourné le dos, parents inclus, à ce que votre planète appelle la religion. Et qui provoque tant de guerre partout.
Il y a un an, Disney faisait les manchettes en commençant à tourner une refonte du film d'animation Alladin, de 1993. Mais cette fois, avec de vrais acteurs. Mena Massoud, un arabe, jouera Alladin. Mais Jasmine sera jouée par une actrice britannique d'origine indienne, Naomi Scott. Le Prince Anders sera joué par Billy Magnussen, qui a la tête d'un suédois, blond, aux yeux bleus (il est Étatsunien). Tom Hardy, un autre britannique, était anticipé pour le rôle du vilain Jafar. On a finalement choisi Numan Acar, un Turc-Allemand. Will Smith, un Étatsunien, au moins plutôt foncé, sera le génie Jinn.
Ridicule.
Bien entendu, tout le monde s'est moqué du tournage. "Enfin les enfants blancs auront de bons modèles à l'écran" ironisait-on, alors. Semblerait que le film sera lancé en mai 2019.
Mais Disney a fait encore pire récemment.
Pour la sortie de leur film Ralph Breaks the Internet, (ou Wreck It Ralph 2), deux personnages animés, (un peu comme les personnages humains de Tron, en 1982 entraient dans un jeu vidéo) entrent tout simplement dans l'internet. À un certain moment, la jeune fille atterrit dans l'univers des princesses de Disney. Et on se moque du concept de "princesse" en soi. Ce qui était une excellente idée en cette ère #MeToo. Les jeunes filles ont besoin de se trouver des modèles plus responsables, allumées, voire cyniques, plutôt que passives, demoiselles en détresse ou simple vanité décorative.
Mais la bonne idée à fait diversion. L'attention des gens s'est portée sur une des princesses (ce sont toutes des princesses déjà connues de films de Disney précédents), Princesse Tiana. On l'a tous connu noire aux cheveux noirs en 2009.
8 ans plus tard, aux États-Unis blancs suprémacistes, on a "pâli" le visage de Tiana et on lui a frisé un cheveux soudainement plus châtain. Elle était presque latinisée, presque blanche même. Plus près de Sheryl Crow que de Ashleigh Murray.
Ça n'a pas été long que le net s'est mis à grogner. Anika Noni Rose, qui fait sa voix dans le film, et qui ressemble beaucoup au personnage de 2009 elle-même, s'est plainte elle aussi de l'incohérence de lui faire un makeover de latino/blanche pour 2018.
Disney a heureusement vite réagi et on a redessiné le rôle en toute hâte. On lui avait même aminci le nez afin qu'il soit moins négroïde.
Le simple fait d'en avoir eu l'idée, de la changer, devrait avoir coûté bien des jobs.
Je ne sais pas si les bons coups de pieds ont été donné sur les bons culs. Je vous invite à retourner vos dos, consommateurs en salle.
Le meilleur moyen de leur faire sentir leur connerie comme du monde serait de les humilier et de ne pas aller au cinéma avec nos mioches le week-end de novembre où sera lancé le film (l'action de grâce des États-Unis).
Puisque le cinéma, de nos jours, ne se gargarise que des premiers week-ends. Tuons leur premier mois.
Par dignité.
Ça existe encore la dignité humaine sur votre planète?