Présentation de l’éditeur :
Après vingt-quatre années passées au bureau du shérif du comté d’Absaroka, dans le Wyoming, Walt Longmire aspire à finir sa carrière en paix. Ses espoirs s’envolent quand on découvre le corps de Cody Pritchard près de la réserve cheyenne. Deux années auparavant, Cody avait été un des quatre adolescents condamnés avec sursis pour le viol d’une jeune indienne, un jugement qui avait avivé les tensions entre les deux communautés. Aujourd’hui, il semble que quelqu’un cherche à venger la jeune fille. Alors que se prépare un violent blizzard, Walt devra parcourir les vastes étendues du Wyoming sur la piste d’un assassin déterminé à parvenir à ses fins.
Avec ce premier volet des aventures du shérif mélancolique et désabusé, Walt Longmire, Craig Johnson s’impose d’emblée parmi les plus grands.
J’ai lu à un rythme d’escargot maladif en septembre, même cette première enquête de Walt Longmire n’a pas fait progresser ma vitesse (sauf les 150 dernières pages quand même) mais depuis que j’ai refermé le livre sur le shérif tentant de soigner ses blessures en solitaire après un dénouement particulièrement douloureux pour lui, j’ai senti le coup de coeur monter doucement et c’est bien agréable !
Coup de coeur pour ce personnage si attachant, avec son bon sens, ses failles, son amour pour sa fille (que j’attends avec impatience de connaître de plus près qu’à travers un répondeur téléphonique), ses fidélités, sa sensibilité, son humanité et son humour imparable. Il aime les femmes, Walt, et on ne peut que l’aimer pour ces liens particuliers qu’il a noués avec Vic son adjointe, Ruby sa secrétaire, Dorothy qui le restaure, pour ces femmes de caractère qui l’empêchent de s’encroûter. Il aime son ami Cheyenne Henry Standing Bear, le double Indien de Walt dans la stature physique et morale et dans l’humour. Craig Johnson ne s’est pas contenté d’un héros charismatique, il a aussi créé des personnages « secondaires » bien campés aux traits bien ciblés (le « Hmmmm… C’est bien vrai » de Lonnie Little Bird… inoubliable).
Coup de coeur pour la narration menée par Craig Johnson, prenant bien son temps au début et s’accélérant judicieusement, déployant l’enquête au rythme de la nature grandiose des grandes plaines du Wyoming ou d’une tempête de neige mémorable au cours de laquelle Walt Longmire va se trouver branché en direct avec les Vieux Cheyennes qui le protègent depuis le camp des morts. Lire une histoire qui mêle enquête et grands espaces, qui vous fait sentir les tensions entre Blancs et Indiens aujourd’hui, ça m’a donné envie de découvrir un peu plus le fameux « nature writing » que je ne connais vraiment pas bien.
Coup de coeur particulier pour l’humour des dialogues et les touches de culture qui parsèment ceux-ci. Je pense qu’au fil des lectures, je m’attacherai au shérif Longmire autant qu’au commissaire Adamsberg, c’est dire ! ‘Mon travail n’était jamais aussi bon que lorsque je ne réfléchissais pas ; je considérais parfois mon esprit comme un plan d’eau qui travaillait au mieux une fois que tout s’était déposé dans le fond. Le truc était de ne pas se laisser embourber. » Il y a une légère similitude, avouez !
« Rien de tel qu’un cadavre pour vous faire sentir, disons, décalé. J’imagine que les super flics de la ville, qui se font jusqu’à quarante ou cinquante homicides par an, s’y habituent, mais moi, j’ai jamais pu. J’ai côtoyé assez d’animaux sauvages et de bétail pour que la mécanique de la mort me soit familière. Certains ont une religion qui donne une valeur à ce passage, à ce moment ultime, où, de créature verticale, on devient horizontale. Hier, on était anonyme quelconque, et aujourd’hui, on est le mort couvert d’honneurs, les mains emballées dans des sachets fermés par des élastiques. »
« Aristote disait que certains esprits ne sont pas des vases attendant d’être remplis, mais des feux attendant d’être allumés. Sans parler du bourbon, Lucian était allumé depuis longtemps et ses yeux de Tigre Volant étincelaient encore de vivacité. »
« Personne ne peut se faire un gilet pare-balles contre les émotions, alors on ne peut que trimballer les éclats d’obus avec soi. »
« – Quoi ? Je fais trop de bruit en mangeant ?
– J’aime te regarder manger.
– Pourquoi ?
– Ça te fait tellement plaisir. Tu apprécies ma cuisine.
Je tapotai ma bedaine.
– Ouais, un peu trop, d’ailleurs.
– Oh, Walt. Toutes les femmes de la ville te courent après. T’imagines si, en plus, t’étais beau ? »
« Je descendis la vitre au maximum, c’est à dire à peu près à mi-chemin, et respirai. Dans un contraste frappant, l’air frais du canyon se mêla à l’odeur tiède de moisi qui régnait dans le camion. C’était quelque chose que j’aimais dans le camion de Henry, même si je ne lui avais jamais dit : son odeur chaleureuse de vieux métal, de terre et de cuir. J’avais grandi dans des pick-up comme celui-ci, et j’y trouvais une forme de sécurité, un souvenir sensoriel qui transcendait les marques et les écussons. Je regardais alentour les vestiges de tous ces rêves nomades et pensai à la mobilité de la nostalgie dans l’Ouest. Aucune des roues autour de moi ne retrouverait probablement jamais la route mais restait-il, hébergées dans les intérieurs brûlés par le soleil et dans les carrosseries rouillant lentement, des passions profondément enracinées ? Rien n’était moins sûr, mais l’espoir a souvent un relent d’éternité. »
Melting-pot de citations et billet pas assez centré sur l’intrigue, très incomplet, très subjectif, j’en suis consciente, mais si ça peut vous inciter – si comme moi jusqu’à présent, vous ne l’avez pas encore découvert – à lire Craig Johnson…
Craig JOHNSON, Little Bird, traduit de l’américain par Sophie Aslanides, TotemGallmeister, 2011
Ouf je réussis à lire un titre pour honorer le challenge Nation indienne d’Electra ! (Lisez aussi son avis sur ce roman.)
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