Je l’entends de nouveau, ta voix si triste
au terrain vague où les dogues aboient.
Cherchant ta trace aimée parmi la foule,
je reconnais Noël et ses sapins,
ses lumignons crépitant dans la neige.
Rien ne pourrait me dire ton adresse
mieux que ce cri errant dans les ténèbres,
cristal limpide et goutte de poison.
À mon tour de fêter le Nouvel An
au terrain vague en ronde silencieuse.
Les bougies du passé meurent en moi
et le vin de Tristan court sur mes lèvres,
pour la première fois sourd à l’appel…
Car depuis peu je vois aussi la nuit.
1962
Joseph Brodsky
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