L’Education nationale étatiste et centralisée donne de mauvais résultats avec un coût exorbitant. De meilleurs systèmes existent hors du monopole de la caste enseignante…
Depuis 30 ans l’Éducation nationale, avec son système hypercentralisé, n’a cessé d’augmenter son budget. La loi de finances 2018 a prévu une augmentation de 1,3 Md€ par rapport à 2017 – passant de 50 Md€ à 51,3 Md€ (+ 2,6%). C’est le sixième plus grand employeur au monde.
Pour quel résultat ?
Les résultats du classement PISA1 2015 ont été publiés le 6 décembre 2017. La France arrive 26ème sur 70 pays. Un classement pour lequel elle avait terminé 25ème en 2012.
Tandis que le chômage des jeunes augmente, les gouvernements successifs multiplient les réformes scolaires sans jamais remettre en cause le dogme du monopole scolaire.
Pourtant, dans de nombreux pays, la décentralisation, la concurrence et l’innovation sont en train de révolutionner l’éducation. Il est possible d’imaginer effectivement que l’État délègue l’éducation tout en le finançant de façon à assurer un enseignement libre, financé par l’impôt de tous et évalué par des examens nationaux.
L’EXEMPLE BRITANNIQUE : FINANCEMENT PUBLIC MAIS GESTION INDÉPENDANTE
Les Britanniques – dont il ne vous aura pas échappé qu’ils sont mieux classés que nous par l’évaluation PISA – ont créé le système des
Academies et des
Free schools. Ces écoles peuvent recevoir de l’argent public mais sont complètement autonomes et en concurrence entre elles. La création des
Free schools a été l’une des principales réformes de l’éducation introduites par le gouvernement de David Cameron.
Les
Academies sont des écoles publiques converties en écoles d’excellence, qui reçoivent de l’argent directement du gouvernement et non des autorités locales (commune ou région). Les
Academies ne sont pas tenues de suivre le programme national et peuvent faire leurs propres choix. En revanche, elles doivent toujours suivre les mêmes règles d’admission et d’exclusion que les autres écoles publiques.
Les
Free schools sont des écoles financées par les fonds publics mais qui ne sont pas gérées par le gouvernement. En ce sens elles sont libres ou indépendantes. Elles ont plus de contrôle sur la façon dont elles enseignent et pratiquent le processus de sélection. Ce sont des écoles nouvelles, ouvertes à la demande des parents mais aussi des enseignants qui quittent les écoles publiques.
Les 23 premières
Free schools ont ouvert leurs portes en septembre 2011 et ce nombre est passé à 425 en septembre 2016. Des centaines de nouvelles
Free schools voient leurs demandes approuvées chaque année. Elles peuvent :
- Fixer le salaire et les conditions de travail du personnel
- Fixer la durée des cours et les horaires de la journée d’école
UNE RESPONSABILISATION PAYANTE
Ces écoles sont administrées sans but lucratif et peuvent être sponsorisées par des groupes tels que des associations caritatives indépendantes, des groupes confessionnels, des bénévoles, des parents (24% sont confessionnelles). Les sponsors sont responsables de l’amélioration de la performance de leurs écoles. Il n’est pas rare que les employeurs locaux aident à concevoir les programmes pour donner aux élèves ou aux étudiants les compétences et les qualifications dont ils ont besoin.
Ces écoles sont implantées dans les quartiers les plus pauvres des grandes villes, là où le chômage est le plus élevé, où les écoles publiques sont surchargées et sont incapables de contenir la drogue, la violence et l’absentéisme.
Résultat : une augmentation du niveau et une baisse des inégalités. Les dépenses sont réduites de moitié et la qualité augmente. Sans surprise, 80% des écoles gratuites sont jugées « bonnes » ou « exceptionnelles » par les parents.
BRISER LE MONOPOLE DE LA CASTE ENSEIGNANTE
En 1955, dans un article intitulé «
The Role of Government in Education »
2,
le prix Nobel d’économie Milton Friedman proposait une distinction fondamentale : que l’État paie pour un service ne signifie nullement qu’il doive le fournir.
Or, disait-il, la bureaucratie du système éducatif a depuis trop longtemps pris la place des parents pour décider du contenu et des méthodes de l’enseignement nécessaire aux enfants. La nationalisation de l’éducation a rendu les élèves et leurs parents otages d’un système uniforme. Dans le même temps, le montant total des dépenses par élève de l’enseignement public aux États-Unis avait été multiplié par cinq depuis les années 1960.
Dès lors que l’on admet qu’il revient aux parents et non aux bureaucrates de choisir l’école de leurs enfants, expliquait Milton Friedman, c’est à eux de déterminer quelles écoles doivent obtenir plus de financements et quelles autres doivent en obtenir moins. Les pouvoirs publics pourraient exiger une scolarité minimale qui serait financée par la collectivité sous la forme de
« chèques éducation » (
vouchers) que l’État fournirait aux familles pauvres. Ces chèques seraient ensuite utilisés par ces familles pour inscrire leurs enfants dans l’école de leur choix.
Les professeurs et les administrateurs auraient alors toutes les raisons de satisfaire leurs véritables clients : les élèves. En effet, le système actuel de financement de l’éducation subventionne l’établissement et ses employés indépendamment de la qualité de son éducation et de l’adaptation aux attentes des parents et des élèves. Ce système déresponsabilise donc tous les acteurs de l’éducation.
L’hypercentralisation des décisions pédagogiques construit un moule unique alors que les enfants sont tous différents.
En restaurant la liberté de choix des élèves et des parents et en rendant autonome et responsable chaque établissement scolaire, nous aurons un système éducatif plus juste, plus efficace, plus adapté aux aspirations et aux spécificités de chacun et plus économique.
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Pour plus d’informations,
c’est ici.
- Program for International Student Assessment, soit « Programme international pour le suivi des acquis des élèves ». Un ensemble d’études réalisées par l’OCDE tous les trois ans.
- Article repris par Milton Friedman, Capitalisme et liberté, Le rôle du pouvoir politique dans l’éducation, p. 151, LEDUC.S Editions, 2010.