En sortie sur les écrans français le 10 octobre 2018, Tazzeka, premier long métrage de Jean-Philippe Gaud, ouvre à la richesse d’une culture et invite à la déguster.
Le titre du film aurait pu être Elias, ce jeune attachant qui est pratiquement tout le film à l’écran. Avec la retenue qui permet à son personnage de prendre son essor, Madi Belem lui donne une belle présence. C’est pourtant le bled où il grandit et qu’il quittera, Tazzeka, qui est au centre. Car Tazzeka, c’est la grand-mère d’Elias (Khadija Bouzekri), celle qui lui a appris à ressentir la cuisine plus qu’à la faire. C’est Youssef (Abbes Zahmani), son patron de l’épicerie-restaurant, qui saura le comprendre. Ce sont aussi de lumineux paysages qui ne sont pas décor mais font partie de la culture. Tazzeka, c’est un tout complexe, avec ses limites obscurantistes comme ses beautés, mais c’est le socle de ce qui fait d’Elias un être vivant.
Cela sonne un peu trop à l’eau de rose et ça l’est : on est loin du réel des immigrés clandestins, évoqué par quelques touches mais avec une légèreté qui rend peu compte du vécu. Ce n’est clairement pas le sujet de Jean-Philippe Gaud, lui qui avait scénarisé en 2009 le réel de Téhéran dans un captivant thriller. Le sujet de Tazzeka n’est cette fois ni politique ni sociologique. Le sujet, c’est Tazzeka : la force et la subtilité d’une culture traditionnelle.
C’est alors que la politique revient au galop, non dans les mots mais dans la valorisation de l’immigration à travers les apports de ses origines. Il n’est pas inutile de rappeler dans le contexte actuel que toute rencontre est à double sens, et qu’accueillir veut aussi dire chercher à connaître et comprendre, et que dans les deux sens cela passe par la bienveillance. Sans doute est-ce dans cet élan que nous propulse Tazzeka, une gourmandise à déguster sans hésitation.