Vous l’aurez compris, les chemins de la greluche bourgeoise et du psychopathe vont bien entendu se croiser, constituant l’élément déclencheur d’une belle descente aux enfers pour tout le monde. Passant d’un personnage à l’autre au fil des chapitres, Jeremy Fel construit progressivement un puzzle qui tient en haleine malgré quelques longueurs, tout en entretenant constamment un sentiment de malaise, à l’image de cette première scène sanglante, qui n’épargne déjà pas grand chose au lecteur. Sondant les tréfonds de l’âme de chacun, étalant leurs pires démons et abordant des sujets durs, l’auteur livre un polar à l’ambiance délicieusement sombre…
Si le décor et l’atmosphère sont les points forts de ce roman, il faut également saluer le développement psychologique de personnages initialement un peu caricaturaux, qui basculent certes dans la folie et finissent par commettre des actes ignobles, mais toujours en entretenant un certain flou concernant la frontière entre les bons et les méchants. Souvent détestables, mais jamais totalement condamnables, voire parfois même attachants, guidés par une vengeance presque compréhensible ou par un amour familial qui les rend carrément attachants, ils ne laisseront personne indifférent.
Un deuxième roman qui fait indéniablement partie des grandes réussites de cette rentrée littéraire 2018 et qui me donne envie de découvrir le premier.
Helena, Jérémy Fel, Rivages, 734 p., 23 €.
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