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Tout a commencé quand des Faucheurs volontaires de l'Ariège ont décidé de tagger dans des magasins des bidons de pesticides contenant du glyphosate pour les rendre impropres à la vente. Convoqués en août 2017 au tribunal de Foix, ils sont venus avec des analyses d'urine afin de justifier leur action. S'ils étaient presque sûrs d'être porteurs de la molécule insecticide, retrouvée chez presque tous les humains qui ont fait les mêmes analyses*, ils ne s'attendaient pas à des résultats aussi alarmants. En effet, pour certains d'entre eux, les taux retrouvés dépassent de très loin les seuils autorisés dans l'eau, alors même qu'ils ne sont pas particulièrement exposés au glyphosate.
Question à la CJUE sur l'application du principe de précaution en matière de pesticides
Devant ces résultats, les Faucheurs ont décidé de contre-attaquer. Ils ont demandé au tribunal d'interroger la Cour de justice de l'union européenne (CJUE) sur le respect du principe de précaution dans les méthodes d'évaluation et de mises sur le marché de tous les pesticides. Le tribunal a accepté. La C.J.U.E. devrait statuer fin 2018.
Avant cette décision importante, les Faucheurs ont élargi la campagne d'analyse d'urines à un niveau national voire européen avec le slogan : " j'ai des pesticides dans mes urines et toi ? ". Elle est ouverte à toute personne qui souhaite participer. Ils ont créé une association " Campagne glyphosate " pour coordonner les initiatives et collecter les résultats. Objectif : obtenir le retrait du marché de la molécule glyphosate.
Campagne d'analyses et plainte pour mise en danger de la vie d'autrui
Les analyses réalisées depuis le début (les huit faucheurs et soixante ariègeois cet été) étaient toutes positives. Elles ont établi que le taux de glyphosate dans les urines, en moyenne 1,43 nanogramme de glyphosate par millilitre, est 14 fois supérieur au taux autorisée dans l'eau. La contamination d'un militant était même 33 fois supérieure, a-t-il confié au journal La Dépêche.
Aussi, la question posée à la CJUE et la campagne d'analyses s'accompagnent d'une troisième action : un dépôt de plainte depuis mi-juin 2018 contre les responsables du maintien sur le marché des produits à base de glyphosate pour " mise en danger de la vie d'autrui, tromperie aggravée et atteinte à l'environnement ". Les huit Faucheurs plaignants espèrent bien que de nombreux français concernés par la contamination se joindront à eux. C'est le cas des 60 ariégeois. 250 autres personnes sont déjà partantes pour faire des analyses d'urine et porter plainte en cas de contamination.
" Ces plaintes marquent le point de départ d'une mobilisation citoyenne nationale ", espèrent leurs instigateurs.
Elles ne sont pas restées longtemps au plan local. Le 27 juin, Madame la procureure de Foix s'est dessaisie de ce dossier encombrant au profit du Pôle Santé Publique du tribunal de grande instance de Paris qui devra donner une suite. Difficile pour lui d'ignorer la mobilisation citoyenne même si rien n'est gagné pour autant comme en témoignent les non-lieux dans les grandes affaires de l'amiante et du sang contaminé.
Zoé Fauré
Pour plus d'informations, consultez le site www.helloasso.com/associations/campagneglypho/collectes/j-ai-des-pesticides-dans-mes-urines-et-toi
* lire l'article de lemonde.fr "Du Roundup dans l'urine parlementaire"