9e Week-End de la Liberté du Cercle Frédéric Bastiat, à Saint-Paul-lès-Dax

Publié le 01 octobre 2018 par Francisrichard @francisrichard

Du 21 septembre 2018 à midi jusqu'au 23 septembre 2018 au déjeuner a eu lieu, à Saint-Paul-lès-Dax, dans les Landes, le 9e Week-End de la Liberté, organisé par le Cercle Frédéric Bastiat, avec le concours de :

- l'ALEPS

- ASAF

- Contrepoints

- l'Institut Coppet

- l'École de la Liberté

- l'IREF

- SFL

Le Week-End de la Liberté est le dernier grand rendez-vous libéral en France après les disparitions, faute de moyens, de l'Université d'été de la nouvelle économie (Aix-en-Provence) et de l'Université d'automne de l'économie autrichienne (Troyes).

Les libéraux, c'est bien connu, sont des suppôts des puissances d'argent...

Le thème de ce week-end était:

Considérations sur la nature et les causes de la richesse des nations.

Guido Hülsmann

Vendredi 21 septembre 2018, 13h30

Conférence de Guido Hülsmann  sur La culture comme facteur de la richesse des nations.

http://www.guidohulsmann.com/

En fait il y a deux mécanismes qui expliquent la richesse des nations:

- la division du travail

- l'accumulation de capital.

Keynes qui n'avait pas compris le deuxième mécanisme était hostile à l'épargne...

Or il n'y a ni division du travail ni accumulation de capital sans :

- droits de propriété

- échanges monétaires.

Le respect des droits et des obligations suppose la confiance dans la parole et dans la raison.

L'épargne suppose un sacrifice dans le présent pour obtenir des résultats ultérieurs.

Pourquoi ? Parce que cela fonctionne.

Avec la division du travail et l'accumulation de capital il y a:

- orientation de l'action humaine qui se fait à la marge, en des points précis, individuels

- réduction de la complexité par la recherche des moyens les plus appropriés

- promotion, c'est-à-dire validation des dispositions vertueuses

- frein, c'est-à-dire validation des dispositions vicieuses.

Le résultat de l'action humaine est la culture.

Quels sont les points en cause pour ce qui concerne la richesse des nations?

- La méta-culture, qui est le mécanisme de changement de culture

- La religion chrétienne, qui n'est le fruit ni de la raison ni de l'expérience: la trinité représente l'union par l'amour de trois personnes, la communauté parfaite, l'absence de chef, le consentement libre: l'amour est un objectif désirable, il valorise la personne, il permet la création:

(le conférencier fait référence à Larry Siedentop, auteur de Inventing the individual)

  La création n'est pas un processus aléatoire. Elle répond à une logique propre, constante à travers le temps.

  Le libre arbitre est la conviction que la nature n'est pas fondamentalement différente au cours du temps.

  Dans l'islam, il y a création, mais pas de personne, ni de trinité.

  Dans le judaïsme, il y a création et personne, mais pas de trinité.

- La violence, qui s'exerce pour empêcher la personne de faire ses expériences, en coupant le lien entre causes et conséquences, sous prétexte de conjurer les échecs et le gaspillage:

(le conférencier fait référence à Herbert Spencer)

  L'éducation centrée sur l'enfant produit ainsi de mauvaises dispositions chez lui et conduit au socialisme, qui est déresponsabilisation des plus riches comme des plus pauvres.

- Les porteurs de culture, qui sont les personnes en lesquelles elle s'enracine.

Selon Guido Hülsmann, les causes ultimes de la richesse des nations se trouve dans la religion chrétienne qui s'oppose au collectif forcé.

Virginie Pradel

Vendredi 21 septembre 2018, 16h00

Conférence de Virginie Pradel sur Enfer et paradis fiscal: peut-on sortir de l'enfer?

https://institutfiscalvauban.org/home/

La France est un enfer fiscal:

- Les prélèvements obligatoires y représentent 45% du PIB (39% en Allemagne, 34% au Royaume-Uni)

- Les plus de 1'000 milliards € de prélèvements se répartissent ainsi:

. 360 milliards indirects

. 290 milliards directs

. 375 milliards sociaux dont 250 de cotisations sociales patronales (89 au Royaume-Uni)

- Dans le classement de l'OCDE, sur le poids des recettes fiscales, la France occupe le 35e rang sur 35, derrière le Portugal et l'Italie

- Le Code des Impôts représente 2242 pages, 3144 avec les annexes, 3500 avec le Code de procédure fiscale, dont 775 pages consacrées à l'Impôt sur le Revenu des Personnes Physiques...

  Certains articles font de 11 à 15 pages tels l'article 31 sur les charges déductibles ou l'article 39 sur les bénéfices imposables des indépendants, modifié deux fois par an en moyenne...

- Le taux d'imposition des entreprises françaises est de 62.2% en prenant en compte l'Impôt sur les Sociétés, les taxes sur la production (102 milliards contre 22 en Allemagne et 40 au Royaume-Uni) et les cotisations patronales (31% au Royaume-Uni).

  Quand on baisse un impôt, on augmente une taxe...

  L'Impôt sur les Sociétés est devenu progressif: 15%, 28%, 33.33%, 44% (pour les grandes entreprises en 2017).

- Il y a en fait deux impôts sur le revenu: l'IRPP dont le taux marginal atteint 45%, sans compter la contribution exceptionnelle qui dure..., et la CSG qui, avec la CRDS, atteint 9.7%...

- Les niches fiscales sont plafonnées à 10'000 € par an, le crédit d'impôt sur la transition énergétique est supprimé

- Le prélèvement à la source va rendre difficile la récupération des déductions et des crédits d'impôts: la complexité sera augmentée dans 90% des cas, ce qui conduira à un surprélèvement

- La fiscalité sur le capital mobilier et immobilier représente 238 milliards € soit 10.7% du PIB (6.3% en Allemagne), ce qui correspond à un taux implicite de 53% sur ses revenus

- Les plus-values sont taxées à 30% (10% au Royaume-Uni)

- Le taux marginal sur les successions est de 45% (60% s'il n'y a pas de lien de parenté) alors que le taux moyen dans l'OCDE est de 15%, et l'abattement n'est que de 100'000 €

- Les prérogatives de l'administration fiscale en matière de contrôle fiscal sont en constante augmentation (le dirigeant est toujours présumé responsable): il n'y a aucun droit à l'erreur pour le contribuable, alors que l'administration peut se tromper...

Quel est le bilan d'une année Macron?

- Hausse de la fiscalité écologique

- Baisse des impôts et hausse de la CSG

On se demande bien pourquoi d'aucuns fuient cet enfer fiscal pour aller dans un paradis fiscal, tout relatif qu'il soit...

Olivier Babeau

Vendredi 21 septembre 2018, 21h00

Débat avec Olivier Babeau sur Des finances saines comme facteur de richesse.

https://www.institutsapiens.fr/

La sémantique est significative de l'état des esprits.

Ainsi, quand on baisse des impôts après les avoir augmentés, parle-t-on de cadeaux. Ainsi augmenter les impôts est-il un facteur de prospérité, alors qu'en fait on exploite la prospérité...Les alchimistes, qui dirigent les États, ne font donc que transformer l'or en plomb...

Il n'est pas étonnant, dans ces conditions, que la dette française atteigne 2'250 milliards €, que la dépense publique soit passée de 11% du PIB en 1912 à 57% en 2018. Car le prétendu intérêt général permet de tout justifier: l'État va tout remettre d'aplomb et le fait de représenter le peuple légitime sa propension à l'éléphantiasis...

Sous l'Ancien Régime il y avait encore des contre-pouvoirs (Louis XIV, par exemple, ne pouvait pas faire tout ce qu'il voulait, contrairement aux idées reçues), mais ils ont disparu avec la Révolution.

Comme disait déjà Gustave Flaubert:

L’idéal de l’État, selon les socialistes, n’est-il pas une espèce de vaste monstre absorbant en lui toute action individuelle, toute personnalité, toute pensée, et qui dirigera tout, fera tout ?

Alors l'État complexifie pour mieux régner, produit des normes à tout va, est fort là où il devrait être faible, et inversement. Il est priapique fiscalement, et impuissant... Et ses dépenses ne diminuent jamais, dilapidant des richesses et produisant des nuisances:

Les meilleures exportations européennes ne sont-elles pas la TVA (taxe sur la valeur ajoutée) et le RGPD (règlement général pour la protection des données), qui sont des produits étatiques par excellence?

Olivier Babeau n'est guère optimiste: il est particulièrement inquiet par la prise de pouvoir des esprits par les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon), qui poursuivent, selon lui, le même but que les États:

Vous contrôler et faire votre bonheur contre vous-même.

H16

Samedi 22 septembre 2018, 9h00

Conférence de H16 sur L'innovation, la création parmi les causes de la richesse.

https://h16free.com/

H16 retrace l'histoire de ces causes de la richesse:

- L'imprimerie au XVe siècle: on passe de l'ouvrage d'art à l'objet accessible par les bourgeois. 20 millions de livres sont imprimés en 50 ans. Cela permet la Renaissance et les découvertes et une accélération des connaissances. Parmi les outils actuels qui y correspondent, il y a le format html. Le plus grand nombre annuel d'exemplaires imprimés est aujourd'hui le catalogue IKEA, tiré à 100 millions...

- L'aviation: on passe du cheval animal au cheval vapeur. Les aéroports et leurs retombées directes et indirectes représentent aujourd'hui 62 millions d'emplois dans le monde.

- L'ordinateur: on passe de la machine à calculer de Pascal, via la machine à décrypter enigma de Turing et le transistor, aux ordinateurs sous toutes leurs formes: 3.811 milliards d'êtres humains sur 7.497 ont accès à Internet.

- Les réseaux: on passe à des produits normalisés par les acteurs économiques eux-mêmes, sans intervention de l'État, tels que les affréteurs pour les conteneurs ou les fournisseurs de téléphones pour les chargeurs. En 2015, les ordinateurs et réseaux représentent 6% du PIB de l'Union européenne...

- L'autocatalyse: on passe de manière analogue à la réaction en chaîne en chimie à une croissance exponentielle des utilisateurs de réseaux (loi de Metcalfe).

- La blockchain: on passe du problème des généraux byzantins à sa résolution par la désintermédiation: c'est l'incitation au jeu honnête par construction plutôt que par contrainte. Il n'est plus besoin de tiers de confiance, une transaction est non répudiable, non niable.

Le bitcoin utilise la blockchain et fait intervenir:

  . des développeurs

  . des mineurs (rémunérés)

  . des échanges

  . des commerçants, des participants

  Le bitcoin se caractérise par le fait qu'il est:

  . déflationniste (21 millions de bitcoins peuvent être créés au maximum)

  . incassable

  . décentralisé

  . incensurable

  Aujourd'hui 17.2 millions de bitcoins ont été créés et il y a eu 333 milliards de transactions.

Conclusion:

Innovation et création sont motivées par deux puissants leviers: le plaisir et la recherche du ... moindre effort.

N'oubliez pas: cette recherche ininterrompue a permis l'émergence de toutes les civilisations humaines.

C'est l'invention de la bière qui est à l'origine de l'agriculture...

Yorick de Mombynes

Samedi 21 septembre 2018, 11h00

Conférence de Yorick de Mombynes sur Les infortunes de la concurrence.

https://www.institutsapiens.fr/

Yorick de Mombynes a intitulé sa conférence en référence aux Infortunes de la vertu du divin Marquis. Car la concurrence est aussi infortunée que la vertu le fut pour Justine...

La politique de la concurrence peut prendre deux formes:

- la suppression des aides (ce qui est bien, mais rare)

- les lois anti-trusts

Les lois anti-trusts trouvent leurs justifications dans une théorie: dans une société idéale, la concurrence serait pure et parfaite, autrement dit il y aurait:

- liberté d'entrée et de sortie

- transparence

- homogénéité des produits

- atomicité

Comme ce n'est pas le cas dans les faits (il y a des cartels, des monopoles, du dumping), l'État doit intervenir:

- préventivement par des autorisations de fusions

- répressivement par des amendes.

Le problème est que la concurrence pure et parfaite n'existe pas et n'est même pas souhaitable:

- en théorie: l'intervention de l'État ne permettrait pas d'obliger tous les êtres humains, par exemple, à avoir des jambes de 4 mètres de haut, si c'était idéal

- en pratique: la définition d'un monopole est difficile, arbitraire; il est impossible de dire si un prix est abusif.

La concurrence pure et parfaite répond à une vision mécaniste (la complexité est niée), statique (le temps est figé).

En effet, dans la nature humaine, le profit est quelque chose de naturel: c'est la contrepartie du risque et de la volonté d'être le meilleur possible. De vouloir être monopoleur sur son marché est tout aussi naturel.

Pour que la concurrence porte ses fruits, il faut qu'il n'y ait pas de barrière légale à l'entrée et se rendre compte qu'il n'existe pas de croissance à l'infini. C'est pourquoi, sur le long terme (l'ajustement n'est pas immédiat), il ne peut y avoir de prix prohibitifs.

Quand il n'y a pas assez de compétiteurs, on constate:

- des interventions de l'État qui accorde des avantages aux entreprises en place

- la favorisation de grandes entreprises par le système bancaire

- la création de monopoles par la puissance publique qui enregistre des brevets

- un capitalisme de connivence.

Les conséquences sont aberrantes:

- pour l'entrepreneur dont les prix ne conviennent jamais à l'État:

. quand ils sont élevés, c'est un monopoleur

. quand ils sont moyens, il pratique une entente avec d'autres

. quand ils sont bas, il fait du dumping

- pour le consommateur auquel nuit la prétention à l'omniscience des fonctionnaires

- pour les citoyens qui sont les proies de clientélismes électoraux

La hantise et la haine du big business justifient dès lors l'extension sans limites de la sphère publique qui s'est ainsi étendue à l'éducation, à la recherche et à la philanthropie, et empêchent la sphère privée de s'en occuper...

Les politiques anti-trusts sont donc irrationnelles, arbitraires et antilibérales.

Général Jacques Favin Lévêque

Samedi 22 septembre 2018, 14h00

Conférence du Général Jacques Favin Lévêque sur La sécurité comme cause de la prospérité des nations: l'Europe de la défense.

Pour une nation, la Sécurité est le plus grand des biens. Si, pour l’acquérir, il faut mettre sur pied cent mille hommes et dépenser cent millions, je n’ai rien à dire. 

Frédéric Bastiat

L'Union européenne comprend trois organes:

- Le Conseil européen qui réunit chefs d'État et conseil des ministres

- Le Parlement européen

- La Commission européenne

La Défense relève du Conseil européen, qui représente l'union d'États souverains. C'est en effet:

- un domaine régalien

- un outil pour la diplomatie.

La Défense est d'abord nationale. Or le budget militaire de la France est en diminution constante depuis 20 ans. On oublie la devise romaine: si vis pacem, para bellum. Et le monde est dangereux. Pour bien faire, il faudrait que ce budget représente 2% du PIB: il est de 1.47% à l'heure actuelle (hors pensions).

A des menaces communes, la Défense, selon Jacques Favin Lévêque, doit cependant être collective. Pour répondre à ces menaces, il existe:

- le Traité de l'OTAN qui dépend à 75% des États-Unis (le président Trump est imprévisible...)

- les missions Petersberg

- le Traité de Lisbonne qui prévoit:

. le SEAE (Service européen pour l'action extérieure)

. une coopération entre les États membres

. une assistance mutuelle

. une solidarité

- le Traité de Lancaster entre la France et le Royaume-Uni: mais la France est pour une autonomie de défense européenne, alors que le Royaume-Uni penche pour l'OTAN...

Jusque-là, peu de concrétisations opérationnelles, sinon capacitaires: il n'y a notamment pas de commandement opérationnel permanent, quand bien même il existe une structure politico-militaire commune.

En 2017, les choses changent : une des dispositions du Traité de Lisbonne est enfin mise en place: la Coopération Structurée Permanente (25 pays sur 28 y participent, dont le Royaume-Uni...).

Cette disposition se caractérise notamment par:

- l'augmentation en termes réels des budgets de défense

- l'adoption de 17 projets multinationaux, plus capacitaires cependant qu'opérationnels

Le Général Jacques Favin Lévêque est donc relativement optimiste.

Pour lui, il faut être:

Unis dans la diversité

Unis dans l'adversité

Corentin de Salle

Samedi 22 septembre 2018, 16h00

Conférence de Corentin de Salle sur Le transhumanisme est-il un projet totalitaire ou libéral?

De quoi s'agit-il? D'améliorations physiques et intellectuelles.

Tout de suite on crie au complot techno-capitaliste, au scientisme, à l'eugénisme, à la contre-nature...

La médecine traditionnelle depuis Hippocrate a pour but de guérir, de restaurer la santé. Mais il n'en est pas de même de la chirurgie esthétique, du changement de sexe, qui améliorent l'humain.

La technologie en question est multidisciplinaire: NBIC, pour nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives.

De quoi parle-ton? Respectivement:

- de nanocapteurs et de nanorobots

- de réparation de molécules

- de stockage et de traitement de données

- d'intelligence artificielle

En 2003, le séquençage de l'ADN coûtait 3 milliards $, aujourd'hui il coûte 1000 €... On en arrive à une médecine personnalisée, à du sur-mesure. Ce, grâce à la puissance de calcul.

Corentin de Salle rappelle l'histoire du Brahmane Sissa qui voulut se faire payer son cadeau (un jeu d'échecs) par le roi des Indes à raison d'un grain de riz, multiplié par deux sur chaque case de l'échiquier, soit bien plus de mille fois la production mondiale de riz de 2012...

De même le progrès scientifique s'accélère. Laurent Alexandre dit que la science a progressé autant au cours du dernier siècle que pendant les 22000 ans précédents, ce grâce à l'alphabétisation, à Internet, à la démographie.

Aujourd'hui on crée des organes artificiels (le coeur artificiel d'Alain Carpentier, mis au point en 2008), des cellules synthétiques (2010) etc. Le cyborg devient réalité avec les exosquelettes, les puces implantées, le lacet neuronal...

On rêve non plus d'augmenter l'espérance de vie, qui est passée de 27 ans à 81 ans en un peu plus de deux siècles, mais d'immortalité: garde-t-on alors la même personnalité? L'ingénieur en chef de Google, Raymond Kurzweil, projette de télécharger un cerveau humain sur un ordinateur...

La Singularity University  que Kurzweil a cofondée envisage la fusion homme-machine à l'horizon 2045...

L'intelligence humaine deviendra-t-elle plus collective? L'humanité deviendra-t-elle alors une fourmilière, une ruche? Qu'en penser?

L'homme est doté d'une certaine plasticité. Pour augmenter sa personnalité il a déjà à disposition des outils externes (lunettes, voiture etc.) et internes (puces, capteurs etc.). Ne faut-il pas qu'il augmente ses capacités intellectuelles face à l'intelligence artificielle? 

Les opposants à la prolongation de la vie sont les naturalistes et les socialistes. Or l'homme est par définition contre-nature puisqu'il dépasse toujours ce qu'il est: le feu, l'écriture, la conquête de la lune le prouvent. Or, si des élites accèdent aux progrès au début, ces progrès se répandent du haut vers le bas: aujourd'hui tout le monde (ou presque) a un smartphone.

Interdire l'innovation est socialiste par crainte d'inégalités. Tirer vers le haut est libéral. Mais n'y a-t-il pas un danger collectiviste s'il y a uniformisation des hommes, s'il y a gouvernance mondiale?

Corentin de Salle propose donc quelques principes à respecter:

- protéger l'identité

- protéger l'intimité

- protéger la corporéité (pour que ne se perdent pas la sexualité, la sensualité)

- préserver l'indépendance

- protéger la morphologie

- différencier soins et améliorations

- permettre de poursuivre la quête de l'immortalité (une utopie)

- interdire l'eugénisme étatique

- empêcher que l'intelligence artificielle soit plus grande que l'intelligence humaine (?)

Patrick Smets

Samedi 22 septembre 2018, 21h00

Débat avec Patrick Smets sur Éthique et légitimité: la loi garantit-elle l'harmonie?

L'État, c'est moi, disait Louis XIV.

En fait, L'État, c'est Clovis... c'est-à-dire un Belge, un barbare, un tyran cruel et sanguinaire: les Francs saliens ont fait disparaître les Gallo-Romains. A partir de cette époque-là le privilège de droit privé a été réservé aux dirigeants et le droit coutumier laissé au peuple...

Ces institutions ont été remises en cause un millénaire plus tard par le libéralisme: la loi fondée en raison. Hugo Grotius, au XVIIe, a ouvert la voie avec la loi naturelle, avec ou sans Dieu. Les libéraux défendent en effet la faculté personnelle, les libertés individuelles: l'homme n'est pleinement épanoui que s'il peut exercer sa raison.

Au XIXe siècle ces idées se traduisent par une plus grande progression des sciences en un siècle que pendant les siècles précédents. L'Europe mange à sa faim et connaît un essor démographique inimaginable. Les gens s'instruisent et lisent des romans dans les journaux. La civilisation connaît un apogée.

Mais cet apogée de la civilisation est au fond de courte durée. Pour Jose Ortega y Gasset, l'homme du XXe siècle redevient primitif. Il se désintéresse de ce qui a permis le bien-être dont il jouit. Il veut que les problèmes soient résolus immédiatement. Le XXe siècle est le siècle de la massification et de l'uniformité mentale.

Les hommes du XXe siècle sont mûrs pour le fascisme et le communisme. La massification se retrouve dans tous les domaines: le tourisme, les migrations, l'habitat, la guerre, les camps, les génocides. La médiocrité et le politiquement correct règnent: le démagogue n'aime pas la civilisation:

L'harmonie n'est plus recherchée dans l'excellence mais dans la ressemblance.

Internet a favorisé la masse qui est changeante, brutale et stupide. Le mûrissement du temps manque en effet aux réseaux sociaux. Or il faut du temps pour réfléchir, pour exercer sa raison. Assurer la paix sociale ne peut se faire qu'en suivant ses lois: pourquoi sommes-nous devenus riches? parce que nous l'avons voulu...

Le libéralisme est le projet culturel par excellence, un projet réaliste: La vie consiste à planter les talons dans le sol pour ne pas être entraînés par les courants, disait Ortega y Gasset. Et Patrick Smets n'est pas de ceux qui se laissent entraîner par les courants... Il rappelle que les progrès économiques et culturels vont de pair...

Jean-Marc Daniel

Dimanche 23 septembre, 9h00

Conférence de Jean-Marc Daniel sur Reprise de la croissance: la politique économique comme mouche du coche...

La montée des dépenses publiques est corrélée avec la guerre, mais aussi avec la richesse: un pays riche peut faire du racket plus aisément chez lui que chez les autres. La solution étatiste est donc de militariser la société et de rançonner sa propre population.

Les hommes de l'État se donnent le beau rôle pour ce racket: ils veulent assurer le plein emploi et le confort matériel à leurs ressortissants. Dans cet esprit, Valéry Giscard d'Estaing, interrogé par Jean Boissonnat, répondait que gouverner, c'est avoir la volonté et les moyens d'assurer le plein emploi.

Pour assurer le plein emploi, plusieurs recettes sont proposées:

- la réduction du temps de travail (partage du gâteau)

- l'inflation (sacrifice de l'épargne)

- les dépenses d'avenir, engagées par ceux qui savent... (l'invention préférée à l'innovation)

Mais aucune de ces recettes n'est compatible avec les cycles de l'économie.

Les causes des cycles sont-elles exogènes? Certes le choc pétrolier, la guerre du Golfe, les politiques monétaires ont eu une incidence. Mais Jean-Marie Daniel n'est pas convaincu, par exemple, par la théorie des cycles des économistes autrichiens.

Jean-Marc Daniel pense plutôt que les causes des cycles sont endogènes: un surinvestissement induit une surcapacité. Quand l'activité ralentit, si le temps de travail est maintenu, il en résulte du stockage, puis de l'obsolescence: il faut donc qu'il y ait de la souplesse dans la durée du travail...

Selon lui, l'intervention de l'État doit se limiter à l'emploi des stabilisateurs automatiquesstimuler, ou freiner, l'activité par la stabilisation des dépenses lorsque les recettes fiscales diminuent en période de ralentissement de la croissance économique et inversement. Autrement, il faut laisser vivre l'intelligence, constater la concurrence...

Francis Richard

PS

Un grand merci aux intervenants, aux organisateurs et animateurs de ce week-end, et notamment à Patrick de Casanove, Président du Cercle Frédéric Bastiat, et à Damien Theillier, Fondateur de l'Institut Coppet et Président de l'École de la Liberté.

Damien Theillier et Patrick de Casanove