La Brise de la Pastille par Galapiat Cirque - samedi 29 septembre - quartier Croix Samson / rue du Clos Mené - Langueux.
Le collectif Galapiat Cirque après avoir ouvert la saison 2018/2019 au Grand Pré de Langueux est resté sur place pour une résidence d'un peu plus d'une semaine, dans le cadre de "Itinérance 9,03 km2 - Hors les murs".
L'équipe constituée de Moïse Bernier ( le clown), Stéphane Dassieu ( le musicien: guitare et bandes sonores) et Lucie Lemaitre ( catalysatrice de paroles) est renforcée par six habitants de la commune qui, pendant cinq soirées, ont travaillé d'arrache-pied pour monter un spectacle de rue, non seulement cohérent, mais aussi insolite et hautement enthousiasmant.
Deux représentations étaient prévues, la première le 29/9 à 18:30 rue du Clos Mené, la seconde, le lendemain après-midi, rue Claude Nougaro.
Sous un doux soleil , les autochtones et quelques flâneurs prennent place sur des gradins démontables ou à même le sol, pour les mioches, en attendant le début du happening.
Stéphane Dassieu escalade une échelle pour prendre place sur le toit d'un garage, sa guitare l'attendait ainsi que le matériel destiné à la mise en route du montage sonore, face à lui, toujours sur le toit d'un garage, un jeune homme a pris place sur un canapé, livré là par hélicoptère, une fille taille un buxus en manque de brushing, un fauviste termine un paysage marin, deux gars s'affairent sur un barbecue nidoreux et un barbu rafistole une bicyclette, récupérée sur un terrain vague.
Le décor est planté, la guitare, bluesy, entre en action, la sono crache un fond grésillant, la bande enregistrée débite les confidences des indigènes recueillies par L L., et soudain, perché sur une fourgonnette, jaune canari, apparaît le clown.
Le saltimbanque, en bégayant, tient un discours abscons, puis interpelle la foule avant de, souplement, quitter son poste haut-perché pour traverser le public, au passage il caresse la tête d'une fillette délurée, qui n'a pas l'air de craindre son énorme nez rouge.
Le regard que porte le funambule sur notre monde matérialiste n'est pas exempt de critique, il exprime son mal-être et son épouvante, qui, petit à petit, gagnent les spectateurs.
Quand on a vécu, on le sait, le clown est souvent lucide et triste, les gosses ne le savent pas et se posent des questions.
Rien n'est tout rose ici bas, Moïse décide d'aller voir si vu de là-haut, près des anges, le monde est plus harmonieux.
Il entame l'escalade du mât japonais en multipliant les acrobaties vertigineuses, un fond musical noisy accentue ses prouesses.
Equilibre, déséquilibre, ( fausses) chutes, cascades, pirouettes, voltige...ce Charlot, d'une souplesse insolente, nous en met plein la vue.
Le spectacle combine poésie, angoisse, bouffonneries, théâtre de l'absurde, Verfremdungseffekt, lyrisme et émotions intenses, pour se terminer sur une note apaisante lorsque le clown, ayant ramassé un violon, nous interprète une mélodie doucereuse qu'il décide subitement d'aller lire aux oiseaux en grimpant sur le mât, toujours muni de son Stradivarius.
Une dernière fois il aura tenu l'assistance en haleine, car, gravir une perche en traînant un crincrin n'est pas tâche aisée!
Un tonnerre d'applaudissements ponctue ce spectacle étonnant, l'assistance, ravie, est invitée à boire le cidre de l'amitié avant de quitter la troupe souriante.