Herbjørg Wassmo

Par Framblog

Herbjørg Wassmo, née en 1942, a commencé à se consacrer à la littérature après avoir travaillé comme institutrice. Elle vit en Norvège, sur une petite ile au nord du cercle polaire arctique. Dans ses romans elle dresse les portraits de femmes à la forte personnalité. Nous en avons sélectionné

Le Livre de Dina, Gaia (2003).   La saga en trois volets du Livre de Dina s’ouvre sur Les Limons vides – suivi de Les vivants aussi et Mon bien-aimé est à moi –, un tableau brossé au vitriol : le destin tragique de Dina. Dina, femme-enfant, enfant sauvage, mi-femme, mi-démon, créature imprévisible et insatiable qui aura fait de sa vie un conte cruel. La mort accidentelle de sa mère, en livrant l’enfant à elle-même et aux plus noirs versants de sa personnalité, va précipiter Dina et avec elle tout son entourage dans un tourbillon de désolation. Ce premier épisode qui retrace l’enfance de Dina, dépeint la lente transformation de cette Ève maudite en un être diabolique qui ne réfrène aucun désir, aucune impulsion aussi violente soit-elle. Avec la force qu’ont les récits légendaires, l’auteur, sans complaisance ni compassion pour son héroïne, expose d’une écriture sûre et incisive les raisons impérieuses qui ont poussé Dina au meurtre de son mari. Les damnés de la terre ont élu domicile au-delà du cercle polaire, là où la glace et la neige ont pris possession de tout.

La Fugitive. 10-18 (2006). Jeune femme célibataire, Sanne est écrivain. Elle vit dans un studio à Oslo, et sa vie n’est guère rythmée que par les visites de Frank, un homme marié avec lequel elle entretient une liaison. Un curieux concours de circonstances vient bouleverser cette routine. Et soudain, la taciturne Sanne part en voyage avec l’explosive Frida. Elle prend la route comme on prend la fuite : fuir son existence, son quotidien, un homme, et se fuir soi-même. Pour aller à la rencontre de l’inspiration, nécessaire à son prochain roman, à la rencontre d’aventures et d’émotions, à la rencontre de soi et des autres. La fugitive est un road-movie littéraire à travers l’Europe : Sanne et Frida sillonnent les routes et les villes, de Berlin à Prague, de l’Italie à la Provence puis à l’Espagne. C’est aussi une réflexion sur la création, le travail d’écrivain, et un jeu de miroirs sur la réalité et la fiction, où se mêlent personnes réelles et personnages de roman. Un récit exaltant, dans lequel Herbjorg Wassmo dévoile certainement le plus d’elle-même.

Un verre de lait, s’il vous plait. Gaia (2007). Dans un village de Lituanie, Dorte, quinze ans, vit avec sa sœur et sa mère. Malgré un quotidien rude, la jeune fille demeure pleine d’espoir quant à l’avenir. Persuadée qu’une vie plus douce l’attend, elle accepte de suivre une amie à Stockholm afin de devenir serveuse, mais tombe aux mains de proxénètes qui gèrent un trafic entre la Suède, la Norvège et les pays baltes. Ce récit déploie toute sa violence à mesure que Dorte, désormais esclave sexuelle, s’habitue à l’intolérable. Et ses seuls compagnons sont si ambigus, tour à tour possibles confidents ou geôliers, qu’elle ne peut que se replier sur elle-même pour échapper à son carcan de sévices et de peurs. Elle s’évade alors dans ses pensées et ses souvenirs, imagine des dialogues avec son père défunt, comme une ultime tentative de s’accrocher à la vie… Alternant réalisme cru et passages de rêverie, Herbjørg Wassmo livre le portrait poignant d’une jeune fille et un tableau complexe de la prostitution dans un roman porté par la révolte, dont l’histoire et les personnages choquent, durablement.

Un long chemin. 10-18 (2008). Norvège, hiver 1944-1945. Traqué par l’occupant nazi pour faits de résistance, un homme tente de fuir à travers les montagnes avec sa femme et son fils de cinq ans. Plusieurs jours de marche forcée par des températures rudes avant d’atteindre la Suède dans un silence terrifiant et un immense prix à payer : celui des corps usés, submergés par la fatigue et les douleurs. Destin tragique d’une famille ordinaire, Un long chemin raconte le lent retour à l’existence de ces héros discrets, oubliés par l’histoire, qu’une nuit d’enfer glacé aura marqué à tout jamais.

La Septième Rencontre. 10-18 (2009). Rut et Gorm sont des enfants du grand Nord norvégien, un pays de mer, de travail et de silence. Issus de milieux différents, solitaires par obligation et victimes de la rigueur morale de leurs familles respectives, leurs rencontres ne pouvaient être que fortuites et éphémères. La première eut lieu alors qu’ils n’avaient que neuf ans. Elle les a marqués pour toujours. Depuis, ils ne se sont croisés que cinq fois et jamais ils n’ont pu approfondir cette relation distante et pourtant réconfortante. Ils ont désormais la trentaine. Rut est devenue une artiste réputée, Gorm un homme d’affaires respectable. C’est leur septième rencontre.
Peut-être leur dernière chance…
Trilogie de Tora. Actes Sud (2011). LIVRE 1 – LA VÉRANDA AVEUGLE Tora, petite rouquine née des amours de sa mère avec un soldat allemand pendant l’Occupation, grandit dans un village norvégien fruste et austère. Régulièrement violentée par son beau-père infirme, elle trouve auprès de sa tante Rakel la tendresse et la force qui l’aideront à devenir, peu à peu, adulte. Violent, charnel, magnifiquement écrit, ce premier volet de la trilogie de Tora, qui concilie l’art de la narration et le sens des personnages, a été couronné par le prix du Conseil nordique. Mais c’est surtout une oeuvre universelle, qui pose sur l’enfance, l’adolescence, l’éveil de la sensualité, la condition féminine, un regard plein de justesse et de retenue. Les deux autres volumes de ce grand succès de la littérature contemporaine norvégienne, La Chambre silencieuse et Ciel cruel, seront prochainement disponibles dans la collection Babel. LIVRE 2 – LA CHAMBRE SILENCIEUSE Tora, la jeune héroïne de La Véranda aveugle (Babel n° 405), a grandi. Au seuil d’une adolescence difficile, soumise depuis sa naissance à la malédiction de la petite communauté de pêcheurs, elle doit affronter son beau-père incestueux qui vient de sortir de prison. Véritable souffre-douleur au collège, Tora s’aguerrit pourtant: elle peut se montrer si dure et si froide qu’elle en devient effrayante. Elle grandit en cultivant sa révolte, mais le drame la guette et va toucher les personnes les plus chères à son coeur… Prochainement paraîtra en Babel Ciel cruel, le dernier volet de cette trilogie qui constitue un temps fort de la littérature nordique contemporaine. LIVRE 3 – CIEL CRUEL Dernier volume de la trilogie dont Actes Sud a déjà publié les deux premiers titres – La Véranda aveugle et La Chambre silencieuse -, ce roman s’ouvre sur une scène d’enterrement. Tora a avorté du bébé que lui a fait Henrik, son beau-père. Elle a dissimulé ce petit « oisillon » sous un monceau de pierres, espérant enfouir en même temps la culpabilité et la honte que lui inspire son propre corps. Son seul rayon d’espoir réside dans l’énergie qu’est capable de lui transmettre sa tante Rakel, pourtant à l’agonie, qui lui enseigne comment tenir tête au monde, à l’adversité et aux dangers. Clôturant une histoire riche en événements autant qu’en réflexions sur la conquête de soi, ce beau livre orageux, tumultueux, fait enfin se lever pour l’héroïne un vent d’espérance qui pourrait bien n’être qu’une brise passagère.