Ces derniers jours, dans ce blog, vous avez pu lire des citations du livre de Jean-Luc Hennig, Beauté de la poussière. Dans cet ouvrage, l’auteur porte son attention sur des textes, des oeuvres d’art (peintures, sculptures) qui donnent une place particulière à la poussière. « Personne n’en dit rien, mais il n’est pas un jour de notre vie où nous ne pensions à elle ». Il ne s’agit pas de faire le ménage mais d’examiner comment nous vivons avec elle. D’abord dans son origine étymologique qui nous mène au pollen, à la poudre, « ce que pousse le vent dans les airs », qui ne vaut rien mais recouvre tout. À partir de là, Jean-Luc Hennig explore notre relation avec les acariens, les cendres, les fards, les ruines, la couleur grise… Il raconte comment Marcel Proust, se protégeant de la poussière pour cause d’asthme, s’est enfermé abandonnant son corps à la fumée et aux acariens. Il aborde le presque rien, « un peu de poussière au creux de la main » (Raymond Queneau). Il passe des terrils aux étoiles, du désert à la pluie d’or sous la forme de laquelle Zeus a séduit Danaé. Il suffit d’un rayon de lumière pour qu’elle apparaisse, sinon on ne la voit pas : elle est mouvement perpétuel, se dépose et s’incruste comme le fait aussi le silence, dans un autre livre (La porte des enfers, de Laurent Gaudé), « silence installé ici depuis si longtemps qu’on a l’impression de le voir flotter dans l’air comme des nappes de poussière ».