Bo Carpelan – Dans l’éternel

Par Stéphane Chabrières @schabrieres

Les promeneurs ont disparu parmi les ombres,
leurs voix étouffées, et même toi
tu fus plus éloigné de toi-même,
et pourtant proche, comme si le mot
s’attardait à travers l’arbre en tant qu’arbre,
ou comme l’image de l’arbre.
C’était dans l’éternel,
où les îles reposent sur les miroirs d’eau de la main.

Et quand le silence régnait, tu entendais
les voix de ton père et de ta mère ;
alors un oiseau leur succéda,
alors leurs voix devinrent une voix.
C’était dans le silence, alors même le bois,
de ses feuilles, ornait encore la vie,
et le jour s’assemblait.
Court est alors le temps où nous sommes en vie.

*

In timelessness

The walkers disappeared among the shadows,
their voices faded and also you
more distant from yourself,
yet near, as though the words
had lingered among the trees like trees,
or like the image of the trees.
It was in timelessness
where islands rest on water-levels of the hand.

And when the silence lasted you heard
father’s and mother’s voices;
then a bird followed on,
then their voices became one voice.
It was in the silence when still the forest
adorned life with its leaves
and the day gathered.
Short is the time when we may live.

***

Bo Carpelan (1926-2011) – Den svala dagen (Le jour frais, 1961)Les Hommes sans Épaules n° 35 (2013) – Traduit du suédois (Finlande) par Pierre Grouix – Translated by David McDuff.