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Página/12 cite un père de la patrie [Actu]

Publié le 28 septembre 2018 par Jyj9icx6

Página/12 cite un père de la patrie [Actu]

Ces sans-abri à Buenos Aires affichent un carton qui dit :
"Non à l'accord avec le FMI"


Ce matin, le journal d'opposition Página/12 a choisi pour gros-titre une célèbre phrase historique : Si tu vois le futur, dis-lui de ne pas venir. Les derniers mots de Juan José Castelli, mourant, très jeune, à 48 ans, vaincu par ce qui a été diagnostiqué comme un cancer fulgurant.

Página/12 cite un père de la patrie [Actu]

La Nación a choisi de titrer sur l'augmentation de la pauvreté
qui atteint désormais 27,3% de la population
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Juan José Castelli est un des héros de la gauche révolutionnaire. Il était né en 1764 dans une famille de notables de Buenos Aires. Son père était un médecin italien, sa mère était issue d'une famille argentée de long enracinement dans la future argentine. C'était un juriste. Il fut l'un des idéologues les plus radicaux de la révolution de Mai 1810. Une sorte de Robespierre de l'Argentine, sans la Terreur. Il fut aussi en quelque sorte chroniqueur de presse, écrivant dans le tout premier périodique du Río de la Plata, le Télegrago Mercantil, fondé à l'initiative de Manuel Belgrano (1770-1820) (1), son cousin au second degré, qui était alors le secrétaire de la Corporation des Marchands (consulado real). Contrairement à son cousin, Castelli n'a pas vu l'indépendance. Il est mort en plein processus révolutionnaire, en 1812, avant même la convocation de l'Assemblée de 1813 qui allait poser les principes des droits de l'homme en Argentine. C'était un 12 octobre, l'anniversaire de la découverte du Nouveau Monde par Christophe Colomb. Le désespoir de Castelli à l'heure de la mort impressionne beaucoup nos contemporains car, sur les deux siècles suivants, la politique argentine s'est acharnée à le justifier : soixante ans de guerre civile au XIXe siècle, cinquante ans de coups d'Etat divers et variés au XXe siècle pour installer des dictatures plutôt brutales dans l'ensemble et particulièrement sanguinaire en ce qui concerne la dernière et une invraisemblable séries de crises économiques jusqu'à celle qui vient d'éclater par le fait d'un gouvernement passablement cynique, dont de très nombreux ministres gardent leur fortune (importante) dans des comptes à l'étranger...

Página/12 cite un père de la patrie [Actu]

Clarín fait presque exactement le même gros-titre
en remplaçant le taux de pauvreté par son taux d'augmentation (2%)
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Página/12 utilise donc cette citation célèbre pour illustrer les informations du jour : une hausse conséquente de la pauvreté dans tout le pays, un dollar qui a désormais dépassé les 41 pesos avant que soit mis en place un cours flottant (entre 34 et 44 pesos pour 1 dollar) et le président qui vient d'annoncer que les Argentins n'avaient encore rien vu ! Comme à chaque fois qu'une décision financière est annoncée par le gouvernement, la devise nationale dévisse, ce qui ne tarde pas à entraîner de nouvelles mesures de rigueur pour la vie quotidienne de la classe moyenne et des défavorisés.
Pour aller plus loin sur cette triste actualité : lire l'article principal de Página/12 lire l'article de Página/12 sur le cours du peso lire l'article de Página/12 sur la dernière prise de parole publique du président Mauricio Macri lire l'article de Clarín sur le cours du peso (il est illustré par une photo montrant un passant photographiant le tableau lumineux d'un bureau de change annonçant les taux exorbitants atteint par la devise nationale) lire l'article de La Nación sur la paupérisation de la population argentine lire l'article de La Nación sur le cours du peso Clarín et La Nación expriment des opinions de droite. Les deux quotidiens s'étaient réjouis, et c'est peu dire, de l'élection de l'actuel président.
(1) Manuel Belgrano (1770-1820), autre héros de la Révolution, plus important encore et idéologiquement plus nuancé que Castelli, que l'on honore sous toutes les formes pour son rôle crucial dans la création du drapeau national et pour son labeur totalement désintéressé au service de la liberté et du peuple au point que malgré son grade de général il est mort dans la plus extrême pauvreté, un modèle éthique auquel les gouvernants du pays, devenu indépendant, ont très vite tourné le dos.

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