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Ils sont venus, ils sont tous là - pas les romans de la rentrée, dont beaucoup sont en train de s'effacer, mais les jurés des prix littéraires qui ont rendu leur copie afin d'établir les premières sélections.
Ne parlons que des romans français, les romans étrangers et les essais tardent un peu, c'est toujours le cas, à rassembler les dernières forces éparpillées sur 50 titres si l'on tient compte des six prix les mieux installés dans le temps: Académie française, Femina, Médicis, Goncourt, Renaudot et Interallié. 74 ouvrages si on y ajoute les sélections de quatre prix plus jeunes mais appartenant déjà à la tradition: Flore, Décembre, Jean Giono, Wepler/Fondation La Poste. A raison de 8 à 17 titres, selon les appétits des différents jurys, cela commence à faire du monde. Où une hiérarchie s'installe, au moins dans les chiffres - quant à la qualité, c'est bien entendu une autre affaire.
Selon que l'on tient compte de six sélections ou de dix, les résultats varient. Sauf pour le livre le plus souvent cité, cinq fois (seulement par les jurys établis de longue date): Frère d'âme, de David Diop (Seuil). Différents commentaires s'efforcent de le faire passer pour un premier roman, je me demande d'ailleurs pourquoi (quel intérêt?) puisque David Diop avait publié, en 2012, 1889, l'Attraction universelle. Il y était question d'un groupe de Sénégalais venus à Paris pour l'Exposition universelle et incités à devenir les attractions d'un cirque bordelais. Publié à L'Harmattan, l'ouvrage était, forcément, passé presque inaperçu - cet éditeur publie trop, avec trop peu de discernement. Mais ce n'est pas une raison pour dire que ce premier roman n'existe pas, comme s'il avait été vulgairement autoédité chez Amazon, par exemple...
Cité quatre fois par les jurys traditionnels, Le lambeau, de Philippe Lançon (Gallimard) fait figure de favori pour tous les prix (mais il n'en aura probablement qu'un) qui ont retenu ce livre paru en avril: Femina, Médicis, Renaudot et Interallié. Il est le seul dans ce cas, d'autres auteurs ne se hissent à son niveau (du nombre de sélections) qu'avec l'apport des autres jurys. Emmanuelle Bayamack-Tam (Arcadie, chez P.O.L.), Michaël Ferrier (François, portrait d'un absent, chez Gallimard), Stéphane Hoffmann (Les belles ambitieuses, chez Albin Michel) et Thomas B. Reverdy (L'hiver du mécontentement, chez Flammarion). Que du bon, ceci dit - mais je n'ai pas lu Les belles ambitieuses.
Trois fois nommés, Ça raconte Sarah, de Pauline Delabroy-Allard (Minuit), Federica Ber, de Mark Greene (Grasset), Maîtres et esclaves, de Paul Greveillac (Gallimard), L'ère des suspects, de Gilles Martin-Chauffier (Grasset) et Leurs enfants après eux, de Nicolas Mathieu (Actes Sud), complètent le petit peloton de tête qui ira rétrécissant au fil des semaines - et dès la semaine prochaine, où s'annoncent en rafale les deuxièmes sélections des prix Jean Giono, Goncourt, Médicis et Femina. Je suivrai cela pour vous, à très vite.