Bonjour Brigitte, Bonjour à votre invitée Anne-Clotilde Ziégler et à tous les auditeurs,
Heureux de vous retrouver pour ce rendez-vous désormais hebdomadaire.
Si vous le voulez bien, je termine aujourd’hui sur la succession de coming out auxquels nous avons assistés dans le monde politique ces derniers mois et donc sur la relation de nos élus à l’homosexualité et plus généralement à la question LGBTQI.
A celles et à ceux qui n’ont pas suivi ma chronique, la semaine dernière, je rappelle qu’en 1960, l’homosexualité était un fléau social pour nos parlementaires puis dès 1968, une maladie mentale. Et cela durera jusque 1981.
On sent que ces derniers mois, le rapport compliqué des responsables politiques avec l’homosexualité évolue. Enfin !
Il est vrai que, depuis les dernières élections, de plus en plus d’élus de droite, de gauche et même d’extrême-droite ont fait leur coming out.
Ce qui ne se dit pas n’existe pas dans le champ politique. Pendant longtemps, il a été tabou, en France, de parler de son homosexualité et peu d’élus ont osé faire, ces 30 dernières années, ce qu’on appelle un coming out, c’est-à-dire sortir du placard en assumant publiquement son homosexualité.
Le premier coming outmédiatique d’une personnalité politique importante ne se fera vraiment en France qu’en 1997 - il y a à peine plus de 20 ans -, avec l’ancien ministre et maire de Pau, André Labarrère.
A 70 ans, celui qui ne voulait pas dire son homosexualité du vivant de sa mère, écrira même un roman à clés « Le bal des célibataires. »
J’ai eu la chance de connaître cet homme plein d’humour et il ne regrettera jamais d’avoir été ce courageux pionnier.
En 1998, nous sommes en pleins débats sur le PACS. Bertrand Delanoë, candidat à la mairie de Paris, décide de faire son coming out dans l‘émission Zone Interdite sur M6.
Il le fera avec une grande pudeur et refusera d’y revenir, excepté pour le documentaire Homopoliticus que nous avions écrit avec Alex Dzerdz.
Cette déclaration de celui qui va devenir le premier maire officiellement gay de la capitale aura beaucoup d’impact alors que les parlementaires s’écharpent sur le PaCS au Parlement.
En 1999, c’est Françoise Gaspard, députée-maire de Dreux, qui révélera son homosexualité devenant ainsi la première femme parlementaire à le faire.
Depuis, on remarquera les coming out souvent médiatique de Christophe Girard, Philippe Meynard, Roger Karoutchi, Bruno Julliard, Franck Riester, Luc Carvounas, et quelques autres.
Mais durant les dernières législatures, il n’y avait jamais plus de deux ou trois députés officiellement gay. Une seule sénatrice lesbienne Corinne Bouchoux sous le pécédent Sénat. Aucun élu transgenre.
Avec cette nouvelle élection législative, il y a un plus d’un an, quelque chose a changé.
Aujourd’hui, sept députés sont officiellement gays – on triple le nombre ! - et une députée, Laurence Venceunebrock-Mialon, devient la deuxième femme de l’histoire de l’Assemblée nationale à dire son homosexualité.
A noter, et c’est cela qui est vraiment nouveau, qu’il y a désormais des députés LGBT de gauche mais aussi de droite. Et étonnant, mais vrai, deux députés sont issus du parti de Marine le Pen.
Enfin et, pour la première fois, un groupe d’études sur les questions LGBTQI a été créé à l’Assemblée et réunit une quinzaine de députés sur… 577…
Je relativiserai cependant car de tels groupes existent depuis bien longtemps dans les Parlements qui nous entourent.
Et puis, surtout, ce mouvement est encore bien timide comparé aux démocraties voisines.
Par exemple, en Grande-Bretagne, 45 députés ont dit leur homosexualité… Presque 9 fois plus qu’en France…
On a donc encore du chemin à faire, mais nous venions de loin.
En tous cas et incontestablement, ces coming out sont utiles et exemplaires.
A mardi prochain…