La pression médiatique,
l’inculture économique des français, la démagogie de l’opposition,
l’incompétence et le parti pris idéologique des journalistes poussent nos
gouvernants à prendre des décisions purement électorales à courte
vue.
L’exemple récent est le sujet du pouvoir d’achat.
Il ne se passe pas une journée sans que l’on interroge un membre du
gouvernement sur ce qu’il a fait et surtout pas fait pour le pouvoir d’achat
des français. Pas une semaine sans la publication d’un sondage démontrant que
le pouvoir d’achat est la première préoccupation des français avec les
habituels commentaires qui vont avec.
Tout cela entretien dans l’esprit de nos concitoyens l’idée que la hausse de
leur pouvoir d’achat par une action de l’Etat est un dû et que ce doit être une
priorité du gouvernement.
Or, non, pas du tout !
Lutter contre le chômage ou plus précisément faire en sorte que ce chômage
structurel élevé que nous trainons derrière nous depuis des décennies diminue
sensiblement, est une véritable priorité.
Faire en sorte que l’Etat assume pleinement et au mieux ses missions, Justice,
Police, Défense, Education, Santé publique est une véritable
priorité.
En ce qui concerne le pouvoir d’achat, demander à l’Etat d’en faire une
priorité conduit nécessairement celui-ci à prendre des décisions en
contradiction avec d’autres objectifs de politique publique et comme la
diminution des déficits, la santé publique (taxes sur le tabac), l’écologie
(taxe carbone) ou même la diminution du chômage.
Pour l’Etat, il n’y a pas 36 moyens pour agir directement sur le pouvoir
d’achat. Il faut diminuer les impôts et taxes ou augmenter les
redistributions.
D’où les mesures récemment annoncées comme la défiscalisation des heures
supplémentaires (pour le salarié), la suppression de la taxe d’habitation, la
baisse de la CSG pour 300 000 retraités ou la diminution des cotisations
salariales.
Or, il faut savoir que, contrairement à ce que tous les dépensiers de
l’argent des autres prétendent, stimuler la demande ne soutient pas le taux
d’emploi si sa faiblesse est due au niveau élevé du chômage structurel. Et
c’est tout à fait le cas en France.
La France ne souffre pas d’un problème de demande mais d’offre qui limite sa
production et son emploi. Tant que ces problèmes n’ont pas été corrigés,
accroître le pouvoir d’achat induit mécaniquement une hausse des importations
donc une dégradation de notre balance commerciale, ne résout en rien le
problème du chômage structurel et provoque une hausse de l’endettement du fait
des baisses d’impôts et taxes.
D’une manière générale, baisser des impôts qui n’ont pas d’effet clair sur
le taux d’emploi dégrade les finances publiques sans contribuer à, ce qui
devrait être notre premier objectif, la réduction du chômage
structurel.
Comme le dit très bien Patrick Artus dans une récente note « on ne peut
pas distribuer des revenus qui n’existent pas ». Le pouvoir d’achat
n’augmentera qu’avec une augmentation des revenus.
D’autant, rajoute t’il « qu’à la différence des autres pays de l’OCDE,
la France n’a connu ni déformation du partage des revenus au détriment des
salariés, ni hausse des inégalités après politiques redistributives, ni hausse
de la pauvreté ».
L’idée, présentée comme une évidence, que la sauvegarde sinon la hausse du
pouvoir d’achat doit être considérée comme le premier devoir d'un bon
dirigeant, crée une pression inutile et potentiellement dangereuse si elle
vient en contradiction avec d’autres actions plus importantes.
Mais ce discours-là est difficile à faire passer auprès d’une population à qui les medias et les populistes ont toujours fait croire que la richesse d’un pays, et donc de ses habitants, ne dépendait que du bon vouloir d’un Etat nécessairement généreux avec… l’argent des autres ou pire encore avec de l’argent qu’il n’a pas.