Et voici le troisième volet de notre chronique Musique Voyage, où l'on vous parle d'une sortie récente qui a bien fait voyager nos petits cerveaux, un peu fatigués d'êtres supportés par nos petites têtes, pourtant enfoncées dans des petits coussins assez confortables, il faut l'avouer. Car on est toujours reconnaissant quand la musique nous emporte, surtout lorsque l'on est concrètement en position fœtale sur une surface moelleuse, tels des êtres humains qui ont un peu abandonné, prêts à être cryogénisés de façon sonore en attendant la fin du monde. En tout cas, ce voyage que l'on vous propose aujourd'hui, à l'empreinte carbone presque négligeable, a quelque chose d'évident, d'imparable. Obligé de partir vous serez, pour mieux revenir, vous verrez.
, joué sur un unique synthétiseur analogique (le Prophet 08) et qui a su toucher les gens avec un coeur. Marc Melia est artiste originaire de Majorque et résidant actuellement à Bruxelles, qui a sorti l'année dernière un premier album intitulé Music for ProphetDont nous, bien évidemment. L'album, sorti sur K7, a ensuite été tranquillement envoyé dans la stratosphère afin de réaliser la meilleure vidéo accompagnant un "full album" sur youtube. Tout simplement. Avec Marc Melia, les choses semblent être toujours simples, mais surtout toujours totales.
Un nouvel EP, Echoes of Prophet, est sorti le 14 septembre. Suite logique de ce fameux album, qui nous a encore une fois pris par les sentiments, sentimentalement, par la main. La preuve.
La destination
N'importe où. Mais surtout ici. Au moment où l'on s'apprête à lancer le morceau "Klavier Pulse". Ce que l'on fait, afin d'être cohérent avec ce qu'on est en train d'écrire. Pas le temps de penser à une autre bêtise méta, on se sent d'entrée entouré, englobé par une bulle sonore qui nous soulève calmement, dans un mouvement circulaire et rassurant. Un cocon visible à l'oreille nue, mais seulement selon un certain angle. On se sent bien à l'intérieur, proche et lointain à la fois. Notre respiration est rythmée, mais calme, calquée sur ces vagues mélodiques, dont le timbre varie au fil du son. Variations narratives, comme autant de parcours différents empruntés au même moment.
Alors que l'on s'appuie sur les parois transparentes de la bulle, "Glissando" a déjà commencé. On se laisse alors glisser vers l'avant, et notre embarcation suit le mouvement. On a bien raison, car plus on s'avance, plus la vue se fait superbe, le panorama idéal, nécessaire. On a plus que raison, on a pignon sur l'horizon. Soudainement, une bouffée de nostalgie nous submerge. Un moment important, incontrôlable, trop rare.
"Arpeggios #4" attaque directement par la crête notre sentiment de bien-être. Un clic = un ressentiment envolé = un souvenir conservé. Voyage dans le voyage, celui-ci attend que l'on monte sur ses allers-retours synthétiques, qui nous hypnotisent et nous attirent. On ose, on se lance, et à cet instant le mouvement se fait ascendant, dans une douce puissance qui fait vibrer les parois de notre embarcation. La sensation est grisante, épique, on oublie tout le reste pour concentrer sans effort sur cette déflagration émotionnelle.
Arrive "Impaso" et l'on arrête de grimper. Notre vision s'éclaircit, se pose sur un chemin familier, que l'on longe discrètement, pour ne rien gâcher. On sent que c'est bientôt terminé. Comment faire pour en profiter encore ?
"And the glory of the prophet" est peut-être la solution, avec sa magie légèrement empruntée semblant émaner d'une cour de palais imaginaire, fière d'être oubliée, enfouie dans les replis lointain de notre mémoire. On se surprend à y danser une imitation de ballet cosmique, avec des gestes appliqués, maniérés. On se permet d'esquisser un regard un peu plus loin, et l'on entend que la fin est proche. On retient notre respiration. Silence.
Les notes de "Klavier Pulse" résonnent à nouveau. On comprend alors qu'il s'agit ici d'une boucle, parenthèse cyclique contenue dans cette petite bulle d'aventure mélodique, que l'on vient d'aspirer par le cœur. Et qui restera vivre en nous, jusqu'à la prochaine fois.
Décidément, Marc Mélia est un excellent professeur de yoga.
Le Voyage
Sorti sur Les disques du festival permanent / Koridor le 14 septembre 2018. Vous pouvez vous procurer la K7 par ici.
Retrouvez Marc Mélia & son Prophet :
03.10 - Lieu secret - Paris
04.10 - 6PAR4 - Laval (avec Jeanne Added)
07.10 - Terme de Dioclezano - Rome (IT)
11.10 - La Demeurée - Caen
12.10 - Maintenant Festival, Antipode - Rennes (avec Flavien Berger)
19.10 - Nuits Zébrées - Clermont-Ferrand
20.10 - La BAM, Metz
09.11 - File7 - Magny-le-Hongre
10.11 - Grands Voisins - Paris
01.12 - Atabal - Biarritz
22.12 - Cultuurcentrum de Werft - Geel (BE)
Pour plus de voyages :
Musique Voyage #2 | Strië - Perpetual Journey Musique Voyage #1 | Villeneuve & Morando feat. Vacarme - Artificial Virgins