De l’autre côté de la Manche, avec 250 millions de dollars, la néobanque britannique Revolut a par exemple levé, à elle seule, plus que l’ensemble des Fintech tricolores en un semestre. Parfois désignée comme une « forêt de bonzaïs », l’écosystème français ne compte à ce jour aucune licorne, capable de rassembler autant de financement. Parmi les champions de la Fintech mondiale, nos startups tricolores peinent ainsi à se faire leur place. Cette année encore, ce sont des Britanniques – comme Azimo, Revolut et Starling – ou encore des Allemandes - comme N26 et IDNow – qui se taillent la part du lion dans le classement The FinTech50 Europe, publiée par l'organisation FinTechCity. Seules deux Françaises réussissent à y faire une apparition : Ledger, spécialiste des portefeuilles de cryptomonnaies, et PayFit, qui facilite la gestion de la paie et des RH pour les PME. Selon un rapport DeloitteAncre[2], la place de Paris elle-même, malgré son dynamisme et son rayonnement, n’apparaît qu’à la 14e position mondiale des places Fintech, derrière Londres, New-York, Francfort, Toronto ou encore Sydney.
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De plus, l’écosystème français est évidemment bien loin d’être étanche. Face à une concurrence mondiale de plus en plus forte, les Fintech tricolores font alors face à un problème de souveraineté sur leur propre marché et à l’arrivée de startups étrangères dont la force de frappe est portée par d’importants financements.
Il ne s’agit pas pour autant d’en rester à ces constats, mais de s’en servir pour construire ensemble – startups, établissements traditionnels, accélérateurs, régulateurs – un écosystème Fintech unifié, solide et innovant, favorable au développement de jeunes pousses sur tout le territoire. L’une des mesures concrètes pour apporter plus de souplesse au cadre réglementaire recouvre la création d’un « bac à sable » à l'anglaise. L’objectif : permettre aux startups d’expérimenter sans contrainte leurs idées et solutions jusqu'à un certain seuil d'activité.
Au-delà des évolutions réglementaires, il est plus qu’urgent de mener une réflexion autour de la nécessité de créer des champions nationaux. Plusieurs pistes peuvent être empruntées, dont notamment celle de faciliter la collaboration entre grands donneurs d’ordre et Fintech. Une conviction qui pourrait se concrétiser via une plateforme construite comme un point de rencontre entre les besoins des établissements financiers traditionnels et des offres proposées par les Fintech, en vue de co-créer un écosystème souverain et unifié. La logique de collaboration doit également se retrouver entre les Fintech, augmentée d’une logique d’agrégation. Car c’est en unissant les forces et les complémentarités des Fintech que nous parviendrons à faire émerger un véritable champion, capable d’être reconnu comme un acteur incontournable de la scène internationale Fintech.
A propos des auteurs : Cyril Armange est directeur des partenariats et de la communication et Maximilien Nayaradou, directeur des projets R&D chez Finance Innovation.