Un de mes lecteurs, Dan, s’interroge sur l’analogie faite par Laborit entre fesses et instinct de domination. Il s’interroge pour savoir si anal, analogie et fesses ont quelque chose en commun.
Laborit dit « J’ai souvent l’impression, en voyant vivre mes contemporains, qu’ils présentent généralement leurs fesses de la même façon aux plus agressifs et aux plus dominateurs. »
Pas mal de singes et autres animaux mâles et femelles présentent leur croupe lorsqu’ils ont affaire à un individu dominant. C’est par exemple le cas des babouins. Laborit suggère que nous sommes tous des babouins. Par tous je veux dire tous les hommes, les spécistes* l’auront compris. Les anti-spécistes, casseurs de boucherie, penseront que le nous désigne tous les animaux et que tous les animaux sont des babouins, ce serait un contresens comme le syllogisme tordu qui conclut que "Socrate est un chat".
Je ne vais pas me lancer dans la liste des mots qui désigne notre postérieur, notre croupe, nos fesses, notre cul… Disons d’emblée qu’analogie n’a rien a voir avec anal. C’est une association dans l'esprit (la tête donc) de deux choses ou idées possédant des propriétés, une structure, un mode de fonctionnement communs. Une métaphore est basée sur une analogie. La métaphore « Parle à mon cul, ma tête est malade », suggère une analogie entre le cul et la tête, pour dire que la tête n’est pas à sa place.
Donc, il reste fesses, fessier, fessu, du latin fissa qui signifie à la fois "anus et fesses" comme notre cul français (le mot bien sûr). Fissa vient de findere, fendre. Ce qui rappelle une chanson de tonton Georges :
Aïe vous m'avez fêlé le postérieur en deux
Se plaignit-elle et je baissai le front piteux
Craignant avoir frappé de façon trop brutale
Mais j'appris par la suite et j'en fus bien content
Que cet état de chos's durait depuis longtemps
Menteuse la fêlure était congénitale
Alain Rey nous apprend que l’expression “Coûter la peau des fesses » est postérieure (sic) à "coûter la peau". L’expression « avoir chaud aux fesses » ne doit pas être confondue avec « avoir le feu au cul » de sens sensiblement différent.
Quelques expressions de plus :
- Serrer les fesses
- L'avoir dans le cul / Dans le cul la balayette !
- Avoir le cul bordé de nouilles
- Avoir du cul / Avoir du pot / Avoir du bol
- Comme cul et chemise
- Avoir la tête dans le cul
- Cul par dessus tête
- Péter plus haut que son cul
- Tirer au flanc / au cul
- Se peler le cul, le jonc / Ça pèle !
- Un peigne-cul
- Y'a pas à tortiller (du cul pour chier droit [dans une bouteille])
- Coûter la peau des fesses / la peau du cul / la peau des couilles / les yeux de la tête
Quant à anal, anus, c’est un emprunt savant au latin anus qui veut dire anneau, en particulier l’anneau du rectum (de rectum intestinum, l’intestin rectiligne). D’où l’expression « y’a pas à tortiller du cul… » que wikipedia n’a pas comprise.
Remarquer qu’on dit « s’asseoir sur son cul ou sur ses fesses » mais pas sur son anus, sans doute à voir avec l’emprunt savant. Si ces explications ne suffisent pas, relisez Henri Laborit, c’est plein de philosophie pratique.
* Par analogie avec le racisme et le sexisme, le spécisme décrit l'idéologie qui considère que la vie, les intérêts ou la souffrance des autres animaux comptent moins simplement parce qu'ils sont d'une autre espèce. En d'autres termes: le suprématisme humain.