Le premier homme est le manuscrit inachevé de Albert Camus, retrouvé dans ses affaires à sa mort. Il n'a été publié qu'en 1994. Camus souhaitait ainsi écrire le roman de l'Algérie, de la colonisation, de la guerre d'indépendance, à travers le destin de son personnage.
Nous suivons les pas de Jacques Cormery, écrivain, qui part à la recherche de ses origines, sur les traces de son père disparu durant la Première Guerre mondiale. Il va à la rencontre des personnages qui pourraient l'éclairer sur son histoire, sur ses origines, et se remémore alors la grand-mère assez dure face à une mère effacée, son enfance dans un quartier populaire d'Alger, le bonheur insouciant aux côtés des copains, les virées à la plage, l'école comme un échappatoire lumineux.
L'école fut en effet une joie pour l'enfant, affamé de découvertes, qui comprend rapidement que le savoir est un moyen de sortir de sa misère. En effet, "La misère est une forteresse sans pont-levis", et "Dans notre classe, pour la première fois, on se sentait exister et nous étions l'objet de la plus haute considération ; on nous jugeait dignes de découvrir le monde." C'est grâce à la rencontre avec un instituteur qui a su déceler chez l'enfant un avenir prometteur que l'écrivain a pu s'élever socialement. Les passages sur l'école revêtent un aura particulier quand on devine que derrière ce Jacques Cormery, se cache Camus lui-même.
Jacques Ferrandez vient du même quartier que Camus et son attachement à son pays et à son histoire est tout aussi prégnant, ce qui se ressent dans les dessins magnifiques. Ce très bel album permet d'éclairer l'œuvre du grand Camus. Un très bel hommage.
La BD de la semaine est accueillie par Moka ce mercredi