Ce premier roman d’Adeline Dieudonné, récemment récompensé du prix du roman Fnac 2018, plonge le lecteur dans un quartier pavillonnaire grisâtre, en compagnie d’une famille ordinaire… en apparence du moins. Outre un père amateur de whisky et de chasse, ainsi qu’une mère craintive et la plus silencieuse possible entre deux crises de violence de son cher et pas tendre, le lecteur fait également la connaissance d’une petite fille de dix ans tellement courageuse qu’elle prend la narration à son compte et de son petit frère de cinq ans, qui adore rire et lui faire des câlins… jusqu’à l’accident.
« Les histoires, elles servent à mettre dedans tout ce qui nous fait peur, comme ça on est sûr que ça n’arrive pas dans la vraie vie. »
Dans « La vraie vie » tout n’est donc pas rose, mais le fait de servir cette lente descente aux enfers à travers le regard d’une gamine dont on ne connaîtra jamais le prénom, met un peu de baume au cœur. Une perspective emplie d’innocence, qui ne manque pas de toucher le lecteur. Une jeune fille aussi déterminée qu’intelligente, qui se construit au fil des pages, tout en mettant les mots justes sur un enfer domestique qui ne l’est forcément pas.
« À la maison, il y avait quatre chambres. La mienne, celle de mon petit frère Gilles, celle de mes parents, et celle des cadavres »
Dès cette première phrase, Adeline Dieudonné nous cueille pour nous tenir en haleine jusqu’à la dernière page. Mêlant la réalité sombre et violente de la vraie vie à la poésie de l’enfance, cette talentueuse auteure bruxelloise parvient à nous livrer une véritable petite pépite, sorte de drame social aux allures de conte pour enfants, qui dénonce les violences conjugales et les dangers de la crème Chantilly à travers le regard attendrissant d’une fillette qui aimerait pouvoir défier les lois de la physique afin de retourner à l’époque où sa joie de vivre était encore intacte…
Un vrai coup de cœur !
La Vraie Vie, d’Adeline Dieudonné, L’Iconoclaste, 270 p., 17 €.
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