Adolescent, il sera séquestré à l'hôpital, souffrant de tuberculose. Plusieurs des thèmes qu'il abordera plus tard seront l'enfance, l'évasion, une mère et ses enfants, le père absent, les hôpitaux. Son film de 1975 surtout.
À 22 ans, il fréquente la Gerasimov Institute of Cinematography (alors appelée State Institute of Cinematography) et il tombe amoureux de l'actrice Irma Raush. Ils s'épouseront trois ans plus tard. Sous le règne de Kroutchev, l'accès aux films internationaux devient plus facile. L'Union Soviétique présente des films du néo-réalisme italien, de la nouvelle vague française, de Kurosawa, Bunuel, Bergman, Bresson, Mizoguchi et Wajda.
Le premier court-métrage étudiant de Tarkosvki sera une adaptation d'une nouvelle d'Ernest Hemingway. Il se lie d'amitié avec Andrei Konchalovsky, avec lequel il co-sénarisera quelque chose qui ne trouvera pas preneur. Leur second effort, en revanche, trouve preneur et sera leur projet final de graduation.
Son premier long métrage lui tombe dans les mains quand Eduard Abalov abandonne la réalisation du même film. Tarkovski est toujours populaire à l'école mais cette fois ces professeurs l'adorent. Et il est fortement recommandé par eux. Le film voyagera bien et gagne même le Lion d'Or du festival de film de Venise. Son fils naît la même année.
Trois ans plus tard, il tourne son premier long métrage signé de sa main (et Konchalovski) de bout en bout...
...enfin...presque signé entièrement de sa main.
C'est l'Union Soviétique après tout. Comme il traite du peintre Andrei Rublev, il traite d'un sujet soviétique dont le gouvernement veut contrôler l'image. Jusqu'en 1971, il fera et refera plusieurs montages différents du même film, selon les exigences du politburo. Une version est présentée à Cannes et fait très bonne impression gagnant le prix des critiques internationaux. Il divorce Irma Raush en 1970 et épouse son assistante de production sur Rublev. Ils habitaient même ensemble depuis 5 ans. Un autre fils naît de cette nouvelle union.
Avec Fridrikh Gorensteihn, il adapte le livre de science-fiction de Stanislaw Lem, Solaris. Le film est le parfait petit frère de 2001, a Space Odyssey. Même parfaite exécution. Même type de chef d'oeuvre. Un ton formidable. Un grand film. Spatio-existentiel. Il gagne le grand prix du jury de Cannes, le prix des critiques, et est nommé pour la Palme d'Or.
Il co-scénarise The First Day avec son partenaire de toujours Andrei Konchalovsky mais soumet un faux scénario au comité de révision et d'acceptation soviétique. Il omet toutes les critiques de la religion en Union Soviétique. Mais au milieu du tournage, il devient apparent que le film tourné n'est pas le film tourné. Et on fait arrêter le production. Tarkosvki est si outré qu'il détruit tout ce qu'il a filmé et émigre pour l'Italie.
Il passe 1984 à préparer The Sacrifice, son dernier film. Son fils est toujours en Union Soviétique. En 1985 Tarkovski est enregistré dans un camp de réfugiés en Italie, à Latina.
En 1985, il tourne The Sacrifice en Suède. Pays du seul critique de ses films qu'il respecte: Ingmar Bergman. Il est diagnostiqué du cancer du poumon, en phase terminale. En janvier 1986, il commence des traitements à Paris où son fils est libéré de l'Union Soviétique (qui l'empêchait de partir) pour venir le rejoindre. C'est son fils qui ira chercher les prix du jury oecuménique, le grand prix spécial du jury et le prix des critiques internationaux à Cannes cette année-là car il est trop mourant.
Il décède en décembre 1986. Certains ont avancé que le KGB pouvait y avoir mis son grain de sel dans sa disparition à 54 ans. Les Russes ne feraient jamais une telle chose...
Son style, lent et offrant souvent de longs plans réflectifs, est l'antithèse d'un film de Baz Lurhmann, où le montage y est souvent formidablement bien allégé. Se laissant regarder comme une splendide (ou inquiétante) fresque.
Lisant Dostoievsky depuis cet été, j'ai viré un brin soviétique.
J'ai écouté Stalker ce week-end, dont les images ne ne me décollent pas de la tête.
Ça m'a fait réserver Andrei Rublev et The Mirror là où je peux le faire.