Egypt Station : l’invitation au voyage de Paul McCartney

Publié le 07 septembre 2018 par John Lenmac @yellowsubnet

Son nouvel album Egypt Station le prouve : l'ex-Beatle de 76 ans est toujours dans le coup, capable de se renouveler avec talent et simplicité.
On le pressentait avant l'été lors de l'édition d'une double face A, double single baptisé " Don't Know/Come On to Me " - une ballade et un rock -, qui annonçait un Paul McCartney au meilleur de sa forme. Egypt Station (Universal), son dix-septième album solo, qui sort ce vendredi, le confirme.

À 76 ans, l'ex-Beatle est toujours dans le coup, actif et inventif au fil de cet album-fleuve un peu long (seize titres !) dans lequel on devine qu'il a encore beaucoup de choses à nous dire, de musiques à nous faire découvrir. Il évoque d'ailleurs " un voyage kaléidoscopique à travers une myriade de territoires musicaux [...], comme si la musique émanait d'un endroit que j'avais rêvé ". Egypt Station, un nom qui lui rappelle " les albums que nous faisions dans le temps ", avoue-t-il.

Un mélange d'inspiration, de fantaisie, d'ambition qui s'inscrit dans la lignée artistique de Chaos and Creation in the Backyard, paru en 2005. Paul McCartney a eu le flair de faire appel au producteur américain Greg Kurstin (cofondateur du groupe Geggy Tah et qui a travaillé avec Adele, Beck, Liam Gallagher et les Foo Fighters) pour donner à ses nouvelles chansons une belle ampleur orchestrale et mélodique. Entouré par le même groupe depuis quinze ans, le bassiste gaucher joue avec naturel l'homme-orchestre, passant d'un instrument à l'autre, piano, guitare sèche, harmonica, harpe, bruitages, claquements, batterie, bongos.

Après un prologue et un quasi-épilogue instrumentaux avec chœur et orchestre, on entre dans le vif du sujet avec une très belle ballade piano-voix, " I Don't Know ", sobre et limpide, poussée par la voix rauque de McCartney, dont le timbre a inévitablement changé avec les années.

Fil conducteur d'Egypt Station : l'amour dans toutes ses dimensions et ses contrastes, et la facilité avec laquelle le chanteur aligne couplets et refrains à la fois fluides et entêtants dans une série de ballades sur mesure. À l'instar de " Come On to Me " ou " Happy with You " où il pratique l'autocritique (" Je buvais trop/J'oubliais de rentrer à la maison/Je mentais au docteur/Mais je ne le fais plus/Car je suis heureux avec toi/J'ai plein de bonnes choses à accomplir) ", sans doute à l'adresse de l'Américaine Nancy Shevell qu'il a épousée en 2011. De même, dans des titres comme " Confidante ", " Hand in Hand ", " Get Started ", le chanteur se plaît à ouvrir son cœur, non sans une certaine nostalgie (" Dominoes "), ou à jouer la carte de la provocation, l'ambiguïté, avec le titre " Fuh You ".

On passe sur la chanson-slogan " People Want Peace " pour savourer la grâce et la richesse orchestrale (cordes, instruments à vent, clarinettes) de " Despite Repeated Warnings ", titre de sept minutes qui alterne quatre mélodies et s'inscrit dans l'esprit de " Uncle Albert/Admiral Halsey ", coécrit avec sa première épouse Linda.

On voit bien que Paul McCartney, dont on oublie vite les 76 ans, possède encore l'imagination, le don de pouvoir créer de nouvelles chansons sans se répéter, fidèle à son style simple, direct et qui s'épure sans cesse. Toujours à l'écoute, ouvert et comme régénéré depuis ses échappées belles avec Kanye West et Rihanna. Le secret de cette belle longévité ? Il la doit à sa simplicité et à son génie musical qui lui valent d'être encore applaudi par des millions de personnes à travers le monde et de représenter la quintessence de la pop. Dans la foulée de ce nouvel album, Sir Paul McCartney entame une tournée mondiale qui débutera le 17 septembre, à Québec, et passera par la France à l'U Arena (Nanterre) le 28 novembre et Liverpool, le 12 décembre.