Le 23 février 2002, lorsqu'en pleine campagne électorale, Ingrid Betancourt se fait enlever par les Farc, elle est certes une femme politique, mais elle n'est pas très connue, elle n'est créditée que de 2%. On en parle alors comme on parle de tout enlèvement d'otages, nouvelle triste mais fréquente. A l'annonce de sa libération, tous les médias colombiens n'ont parlé que de ça. Pour autant, pas de scène de liesse avec drapeaux blancs dans la rue, pas de manifestation. C'est peut-être parce qu'en Colombie, tout le monde a eu affaire de loin ou de près aux Farc : un voisin guérillero, un parent tué... Surtout parce qu'en France, elle est LA victime, tandis qu'en Colombie, elle est une victime parmi d'autres. En Colombie, une bataille a été gagnée mais pas la guerre.
Celui dont on parle aujourd'hui en Colombie et que l'on encense, c'est Alvaro Uribe. La star, c'est lui. Uribe qui avait été réélu en 2006 essentiellement pour sa politique ferme et sans concession envers l'un des fléaux du pays, les Farc. Uribe qui, déjà, était félicité après l'attaque qui avait permis de tuer le n°2 de la guérilla, Raul Reyes. Et qui vient de voir sa cote de popularité bondir de près de 20 points depuis la miraculeuse libération : il est passé de 73% à 91%. Et 79% des Colombiens se disent prêts à le réélire pour un 3e mandat.
Ingrid Betancourt a répondu aux médias français, avides de la voir remplacer l'infâme fasciste Uribe, qu'elle pourrait se porter candidate à la présidence si la Colombie le veut. Mais les Colombiens ne semblent pas en être là. Ils sont très contents d'Uribe.