La somme de nos folies de Shih-Li Kow

Par Lecturissime

À Lubok Sayong, petite ville au nord de Kuala Lumpur, les habitants sont habitués aux catastrophes naturelles, leur village étant inondé plusieurs fois par an. Ils ont su s'adapter au lieu, hauts en couleur, ils évoluent gaiement dans un monde tourmenté. Parmi eux, Beevi, décide de transformer la grande demeure familiale en bed and breakfast et embauche l'extravagante Miss Boonsidik pour l'aider dans sa tâche. Au même moment, à la mort de sa soeur, elle doit prendre en charge la jeune Mary Anne, débarquée sans crier gare de son orphelinat où toutes les filles s'appellent Mary quelque chose. A leur côté, telle une sentinelle, se tient Auyong, qui dirige l'usine de mise en boîtes de litchis.

" Attention aux maladies véhiculées par l'eau, répétaient les gens de la capitale. Attention aux crocodiles et aux serpents. Attention de ne pas marcher sur la carcasse pourrie d'une bête morte. Gare au choléra. Gare aux tourbillons et aux courants. Ils publiaient des consignes de survies dans des journaux qui n'étaient pas distribués ici et qu'on lisait dans la capitale en sirotant un café latte frappé, bien installé chez Starbucks. Gare à la vie. "

Chronique d'une petite communauté, servi par deux voix, le roman oscille entre gravité et loufoquerie. Entre cette tête de vache sanglante livrée à la mauvaise adresse, la voisine qui élève des sangsues, un poisson carnivore relâché dans un lac, ce chouette roman nous rappelle que nous ne sommes que la somme de nos folies, "racontées ou tues". Original et décalé, il est une des bonnes surprises de cette rentrée littéraire.

La Somme de nos folies, premier roman traduit de l'anglais (Malaisie) par Frédéric Grellier, 384 pages, 21,50 € * Paru le 23/08/18