Il y a des jours qui se lèvent très tôt
Avec leurs yeux bovins et leur front assombri
Sans se rappeler leur nom peut-être
Se trompent-ils de semaine.
Des jours où nous ne trouvons ni noms de rues ni dates,
Nous oublions les roses et les nombres,
Et les fenêtres nous montrent leurs images revêches.
Nous ne savons plus ce que sont devenus la clé du coffre-fort
Ni le serment d’amour en anneau transformé,
Nous sommes aux prises avec des lettres et des mémoires,
Nous confondons l’ombre et un habit.
Jours de sable qui détraquent les pendules,
Où nous descendons des escaliers de cendre.
Où tous les murs de la maison nous refoulent
Tandis que nous cherchons en vain la porte de sortie.
*
Días impares
Hay días que amanecen muy temprano
con sus ojos de buey y su frente nublada,
sin recordar su nombre
acaso equivocados de semana.
Días en que no hallamos las calles y las fechas,
nos rehusa la luz su guía pura
olvidamos las rosas y los números,
las ventanas nos muestran sólo estampas adustas.
Extraviamos la llave del tesoro,
la consigna de amor convertida en anillo,
batallamos con cartas y memorias,
confundimos la sombra y un vestido.
Días de arena, que hacen sucumbir los relojes,
días en que bajamos peldaños de ceniza,
en que todos los muros de la casa nos niegan
y buscamos en vano la puerta de salida.
*
Displaced Days
There are days when dawn comes very early
With ox-eyes and a cloudy forehead, days
With unremembered names,
Perhaps a mistake made in the week.
Days on which we can not find streets or dates
And the light denies us its pure beacon,
We forget roses and numbers,
Windows reveal only sullen vistas.
The key to the treasure has gone astray,
Love’s watchword converted into a ring,
We struggle with letters and memories,
We mistake the shadows for a dress.
Days of sand which immobilize clocks,
Days in which we descend steps of ashes
On which every wall in the house denies us
And we look in vain for the door to freedom.
***
Jorge Carrera Andrade (1903-1978) – Lugar de origen 1945-1947 – Poesias Escogidas (1945) – Poésies choisies – Traduit de l’espagnol (Equateur) par René L.F. Durand et Anne-Marie Kennett – Selected Poems of Jorge Carrera Andrade (State University of New York Press, 1972) – Translated by H.R. Hays.