J'ai laissé pour la fin la lecture de ce volumineux livre qui se trouvait dans l'envoi de mon ami Lakhdar et qui a été édité en 2015 aux Editions ENAG à Alger. Je dois dire aussi que j'allais vers ce livre avec un peu d'appréhension car il s'agit, un peu remanié , d'une thèse de "psychologie clinique"soutenue à l'Université d'Alger en avril 2006.
J'étais heureux que dans cette Université qu'il avait fréquenté Camus soit un tel objet d'études mais le côté "clinique" et l'appel non pas à la simple psychologie mais à l'analyse , en réalité , de l'inconscient répugnait un peu à mon sens de la rationalité et à ma méfiance, sans doute par ignorance!des théories de l'inconscient.
Le livre est , en tous cas, le résultat d'un très important travail et l'auteur avant de se lancer dans ses thèses proprement dites, a bien situé Camus et son oeuvre dans la littérature algérienne de cette époque et il a fouillé complètement la biographie de cet écrivain, n’omettant vraiment aucun événement de sa vie. J'ai donc retrouvé presque tout ce que les biographes (nombreux) ont retenu de sa vie.
J'ai apprécié toute la partie sur la recherche par Camus d'un "père de substitution" puisque le sien était mort à la guerre et qu'il ne l'a pas connu. L'auteur dénombre quatre père de substitution:
l'oncle Etienne, l'instituteur monsieur Germain, Jean Grenier son professeur de philosophie et son oncle Arcaute qui l'a accueilli lorsqu'il est devenu tuberculeux. Rien à dire sauf deux choses qui me paraissent excessives et des extrapolations. la première c'est que l'oncle Etienne n'aurait pas bien rempli son rôle car il était unijambiste et donc ,nous dit le psychologue, "castré"! Il faudra que l'on explique davantage!
L'autre remarque c'est que ce clinicien tire des analyses qui me paraissent( peut-être ai-je tort) douteuses lorsqu'il écrit ,par exemple p.128 "Il est présent (le père)"dans ce souhait formé par Meursault qu'il y ait beaucoup de spectateurs le jour de mon exécution et qu'ils m’accueillent avec des cris de haine" En disant cela nous dit l'auteur, ne souhaite t-il pas voir parmi ces spectateurs son père venu assister à son exécution comme il l'avait déjà fait en assistant à l’exécution d'un autre condamné à mort.?"N'est-ce pas tiré un peu par les cheveux comme on dit familièrement!
Et, enfin , je vois pas bien ce qui lui permet de dire (p.128) "En somme, nous sommes en mesure d'affirmer que , à travers les oeuvres suscitées et à travers les figures de nombreux substituts paternels et celle du père réelle, l'imago paternelle prédominante est celle du Père mauvais et non pas du père bon."
Il va , ensuite , procéder à l'analyse de divers essais de Camus extraits de L'envers et l'endroit et dans un premier temps il décrit et dénombre les thèmes contenus dans ces essais: le silence, la solitude, la mort, l'indifférence des autres, l'étrangeté du monde et des hommes, l'immobilité et c''est très intéressant. Par contre j'ai , ensuite, du mal a suivre lorsqu'il essaie d'expliquer par la "psychologie clinique" ces thèmes.
Il poursuit sur le même mode son analyse des autres oeuvres de Camus et les mêmes thèmes reviennent et il les dénombre. Il accomplit ce travail pour La mort heureuse, l'Etranger,La peste, Les Justes,La chute.
Dés lors si je n’adhère pas aux conclusions sur le plan de la psychologie clinique je trouve que ce livre est très utile car il permet a qui s'intéresse à l'oeuvre de Camus de retrouver recenser les thèmes fondamentaux de l'oeuvre, ceux que l'on retrouve , sous des formes différentes , dans tous les écrits de l'auteur.