Si le Sushi a appris quelque chose grâce à Zazie, c’est qu’il fallait rester calme en toutes circonstances et avoir du sang de reptile (en très gros) Comme le Sushi craint les transfusions et que l’idée de partager quelque chose avec un serpent l’effraie au plus haut point, il se contente de tenter de rester zen et détaché. En quasi toutes circonstances.
Mais parfois, il ne peut se contenir. Il le regrette, un tel manque de self control lui fait honte, mais il semblerait que son calme ne soit qu’un fragile vernis posé sur un caractère plus houleux. C’est certes regrettable, mais le Sushi travaille sur ce point et espère parvenir à mieux se contrôler à l’avenir.
Mais au présent, le Sushi a craqué.
C’était par une belle journée d’été qui ressemblait à un mois de mars en zone polaire. Le Sushi regardait plein d’amour celui qui avait partagé un bout de sa vie. Généralement, ils restent de 6 mois à un an et demi, puis s’enfuient, lassés et déprimés. Le Sushi l’effleura doucement. Et ce fut le drame. L’autre se renfrogna, l’autre se braqua, l’autre décida que c’en était trop. Qu’il n’en pouvait plus. Que tout était fini. Qu’il partait. Et il partit. Emportant tout le répertoire dans la tombe. Le Sushi ne put alors se retenir.
Putain de téléphone!
Puis il relativisa. Il y avait une leçon à retenir de cette mésaventure: Ne jamais faire confiance à un constructeur d’électro-ménager et d’écrans plats en matière de téléphonie mobile.
Le Sushi étant quelque peu nu sans son greffon le reliant au monde extérieur, il se résolut à sortir de sa retraite pour affronter une espèce en voie de conquête du monde: l’infame vendeur de téléphone portable. Le Sushi ne sera heureux que lorsque l’AFP aura annoncé que le zoo de Moscou organise une opération de sauvetage visant à réunir le dernier vendeur SFR et la dernière vendeuse Orange (gracieusement prêtée par le Zoo de Boston) Il se fera alors mécène pour une bande de chasseurs sanguinaires (genre ceux qui ont tué l’ourse Cannelle) en leur donnant pour seule instruction de tirer à vue à travers le grillage. Puis il sera enfin heureux.
En attendant, le Sushi dut se rendre à l’évidence: il allait devoir affronter le vendeur Orange, sa légendaire réactivité et son chromosome commercial défaillant. Tout un programme.
Il affronta les trente minutes d’attente (inscrites dans les statuts d’Orange) Il affronta le regard interrogateur du vendeur. Il raconta son histoire. Mais soudain il perdit patience. A peu près au moment où le vendeur suicidaire et décérébré lui dit:
“Mais vous n’avez pas assez de points pour bénéficier du programme Changer de mobile, vous voulez quand même acheter un autre téléphone?”
Le Sushi implosa. Proprement. Puis explosa. Moins proprement.
Il expliqua au bulot neurasténique qu’il aimerait baucoup changer de téléphone seulement tous les deux ans si un téléphone pouvait allier esthétique et solidité pendant cette période. Mais que dans l’état actuel des choses il se voyait mal payer un an de facture - sans pouvoir passer un seul appel - pour bénéficier d’une réduction correcte. Il lui aboya aussi qu’un téléphone était indispensable à sa survie et à son avenir proche, et qu’il n’était donc pas en position d’étudier la possibilité de repousser son achat de quelques mois.
Le mollusque le regarda d’un air effaré. Puis lui proposa de regarder les modèles en exposition.
A suivre…