Cessons donc de nous mentir à nous-mêmes.
Cessons de toujours dénoncer les actes des autres ou les scandales les plus criants d'une planète qui n'en est pourtant pas avare. Ces violences, ces injustices et ces gaspillages généralisés, nous en sommes nous-mêmes les agents. Car, lorsque nous regardons dans quel état nous avons mis la planète, nous pouvons - sans vouloir offenser qui que ce soit - nous poser la question de savoir si nous sommes civilisés en profondeur. Toute la nature proteste contre la barbarie de l'homme et nous nous obstinons à étouffer ce cri de détresse. Si l'on estime que l'évolution est une compétition, compte tenu de son arrivée récente à la surface de la planète, l'humanité n'est pas loin de triompher en éliminant peu à peu chaque espèce animale et végétale qui l'a précédée.
Le problème, répétons-le encore et toujours, est que nous risquons fort de ne pas avoir le temps de savourer notre succès. Cette idée que nous pourrions couper indûment notre branche de l'arbre de la création et faire cavalier seul dans ce chaos que nous aurions provoqué, est probablement l'ultime vanité dont l'homme sera capable - mais aussi la pire.
La vie a commencé par une coopération entre atomes, puis entre molécules, et ce principe immuable de solidarité a accompagné toute l'évolution. Et nous voudrions, nous les hommes, rompre ce principe immuable ? Tant d'aveuglement ne peut que nous conduire à l'abîme.
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Extrait de "Le syndrome du Titanic 2 de Nicolas Hulot
Que cela ne nous empêche pas d'apprécier notre petite planète !