Plus besoin de présenter cette multinationale helvétique de 303'000 employés, présente dans 189 pays, comptant plus de 2'000 marques, et active depuis 1866 dans le domaine alimentaire.
Valorisation & dividende
Autant le dire tout de suite : Nestlé est actuellement totalement hors de prix. En effet, le titre se négocie à :
- 38.55 fois les bénéfices récurrents courants
- 25.31 fois les bénéfices récurrents moyens
- 23.14 fois les actifs tangibles
- 4.02 fois les actifs
- 2.73 fois les ventes
- 27.92 fois le free cash flow courant
- 24.71 fois le free cash flow moyen
L'EBITDA se monte d'ailleurs seulement à 3.78% de la valeur d'entreprise, ce qui confirme la valorisation stratosphérique du titre.
Si Nestlé ne vaut la peine d'être achetée ni pour ses bénéfices, ni pour ses actifs, ni pour ses ventes, ni pour son free cash flow, voyons ce qu'il en est par rapport au dividende. Celui-ci paraît en effet étonnamment attractif, avec un rendement de 2.93%. Par les temps qui courent c'est suffisamment rare pour être relevé. Mais cela doit aussi nous rendre attentifs. Un tel ratio avec de telles valorisations n'est en effet jamais de très bonne augure. Si l'on regarde de plus près, on constate en effet que le dividende se monte à :
- 112.99% des bénéfices récurrents courants
- 74.20% des bénéfices récurrents moyens
- 81.82% du free cash flow courant
- 72.41% du free cash flow moyen
Tout ceci alors que le bénéfice par action est en baisse constante depuis 2014... Acheter Nestlé pour son dividende apparemment généreux comporte donc un risque certain. Non seulement sa progression future est compromise (le croissance annuelle moyenne de ces cinq dernières années ne s'est d'ailleurs montée qu'à 1.79%), mais en plus, sans retournement de tendance des bénéfices, les distributions risquent même de diminuer.
On a donc beau chercher, impossible de trouver quelque chose d'intéressant chez Nestlé en ce moment, au vu de sa valorisation excessive.
Bilan & résultat
Le bénéfice baisse, le dividende est en quasi stagnation, mais au moins la valeur des actifs et les réserves de cash progressent sur le long terme. Nestlé parvient donc malgré tout à créer un peu de valeur pour ses actionnaires, ce qui se traduit par une légère progression du cours de 26.77% ces cinq dernières années.
Les réserves de liquidités sont malgré tout faibles, avec un current ratio de 0.83 (en très légère baisse par rapport à l'année précédente) et un quick ratio de 0.59. La multinationale helvétique se retrouve donc confrontée à des obligations financières courantes supérieures à ses ressources immédiates. Rien de trop inquiétant néanmoins pour une entreprise de ce calibre qui possède plusieurs cordes à son arc pour payer ses factures. Ce n'est pas demain que Nestlé va faire faillite, ce qui est confirmé d'ailleurs par un Z-Score (Altman) confortable de 3.8.
Même si la marge brute est en légère baisse par rapport à l'année précédente, elle reste très confortable, avec 50%. La marge de free cash flow et la marge nette ne sont d'ailleurs pas en reste, avec 9.78% et 7.08%. La rentabilité est elle aussi bonne, avec un ROA de 4.77% (en baisse), un CFROA de 10.12% et un ROE de 10.43%.
Le taux d'endettement à long terme par rapport aux actifs a assez nettement progressé par rapport à l'année précédente, se montant actuellement à 13.94%. Ceci demeure néanmoins tout à fait acceptable, car l'ensemble de la dette pourrait être épongée en trois ans seulement par le free cash flow moyen réalisé par Nestlé. La dette ne représente d'ailleurs que 0.49 fois les fonds propres.
Autre point intéressant : le nombre d'actions en circulation a tendance à diminuer sur le long terme, ce qui est une bonne nouvelle pour les actionnaires puisque la part de gâteau qui leur est dévolue grandit du même coup.
Conclusion
Nestlé est une entreprise assez extraordinaire. Non seulement elle est active depuis plus de 150 ans, mais en plus elle s'appuie sur de très bonnes marges, une rentabilité tout à fait correcte pour son secteur d'activité, un endettement intelligent et des dépenses en besoin d'équipement relativement basses. Nestlé est une marque forte, qui s'appuie sur un réseau de vente et de production gigantesque, notamment dans les pays émergents. Ce n'est pas le premier concurrent venu qui pourra lui faire de l'ombre. De par son secteur d'activité, elle est par ailleurs relativement protégée des risques d'obsolescence technologique et des soubresauts économiques. Ceci est d'ailleurs confirmé par un beta de seulement 0.76 et une volatilité de 8.68%. C'est du défensif de chez défensif ! L'entreprise basée à Vevey n'est peut-être pas une franchise à la manière de McDonald's ou Coca-Cola, mais elle partage indéniablement beaucoup de caractéristiques avec elles.
Ceci étant dit, nous l'avons vu en début de présentation, Nestlé s'échange actuellement, comme la plupart des actions, à un cours totalement déconnecté de la réalité. Il faudrait être inconscient pour s'y aventurer. Même sa nature défensive ne peut la protéger d'une correction d'une telle valorisation. Au début du 21e siècle elle a déjà perdu une fois 40% de sa valeur en moins d'une année. Je suis d'avis qu'elle est tout à fait capable de faire au moins aussi mal, surtout si le bénéfice par action continue à fondre comme neige au soleil, et que le dividende doive du coup être abaissé.
Notons pour terminer que le F-Score (Piotroski) se monte à quatre. Cet indicateur nous donne idée de la force financière d'une entreprise et du même coup est un révélateur assez efficace de la performance future de son cours en bourse. Quatre points sur les neuf qui sont possibles dans l'échelle de Piotroski, c'est assez faible, et donc peu encourageant pour la suite...