Carole Fives est de ces auteurs que j’ai plaisir à retrouver. Il y a ces personnages qu’on pourrait connaître, cette mère au téléphone, seule avec son cancer, avec ses annonces sur les sites de rencontres, avec Colette, amie indispensable et parfois détestée, avec sa chienne, et son téléphone, un téléphone portable, me semble-t-il, qui accepte les doubles appels. Le téléphone, un moyen de garder le contact avec des enfants qui se sont éloignés, surtout la fille, qui vit seule également jusqu’à ce qu’elle annonce l’arrivée d’un homme dans sa vie et d’un enfant. La mère au téléphone alterne flatteries et méchancetés, défend un mode de vie avec cigarettes, tente de faire jouer la jalousie qui parfois n’est que la sienne. La lecture nous fait rire mais la personne ne nous amuserait sans doute pas longtemps. On n’a pas les réponses de la fille ; on les devine parfois.
Le téléphone a remplacé la correspondance. Madame de Sévigné aurait peut-être pris le téléphone, s’il avait existé. Mais le téléphone est arrivé. Jean Cocteau l’a mis en scène avec La voix humaine, une histoire de rupture amoureuse. Carole Fives en fait l’instrument de la relation maintenue et, tout à la fois, l’outil du monologue. Dans le quotidien.