Rencontre avec Carole FIVES

Par Lecturissime

Nous avons eu la chance de rencontrer en petit comité Carole FIVES lors du Forum Fnac Livre ce week-end pour son roman "Une jeune mère célibataire s'occupe de son fils de deux ans. Du matin au soir, sans crèche, sans famille à proximité, sans budget pour une baby-sitter, ils vivent une relation fusionnelle. Pour échapper à l'étouffement, la mère s'autorise à fuguer certaines nuits. À quelques mètres de l'appartement d'abord, puis toujours un peu plus loin, toujours un peu plus tard, à la poursuite d'un semblant de légèreté.Tenir jusqu'à l'aube chez Gallimard dont voici la présentation :
Comme la chèvre de Monsieur Seguin, elle tire sur la corde, mais pour combien de temps encore? "

Non, ce roman ne parle pas de ma vie... Je voulais parler de ces mères solos, de leur solitude profonde et de leurs difficultés.

Je cherchais un fait divers pour parler d'elles. Je ne savais pas quelle histoire prendre, je voulais que le personnage fasse une connerie. Je cherchais sur Internet, mais sur le net les mères se présentent comme irréprochables. La seule histoire qui est ressortie est celle de cette femme qui avait laissé ses enfants dans la voiture pour aller en boîte de nuit, ou encore de cette mère repartie en voyage dans son pays en laissant les enfants seuls dans l'appartement.

Je ne voulais pas non plus d'une mère psychotique. Je voulais une mère comme celles que je côtoie, "normale" avec un bon boulot - graphiste free lance -, quelqu'un de fort. C'est la mono-parentalité qui la fragilise dans le roman, ce n'est pas une mère courage. Elle est seule parce qu'elle a suivi le père.

Je voulais mettre en avant ce huis clos, cet enfermement continuel, ce tête à tête incessant avec l'enfant.

Pourquoi cette référence à la Chèvre de Monsieur Seguin ?

Parallèlement, je lisais ce conte à mon fils. Je déteste ce conte qui parle des femmes et est profondément anti féministe. J'ai rapidement fait le lien avec cette mère solo emprisonnée.

Pour le roman, j'ai effectivement fréquenter ces forums de maman. J'y ai vu beaucoup de jugements, "Si tu n'y arrives pas, c'est que tu ne sais pas t'organiser". Mais non ! C'est un problème structurel, pas un problème d'organisation . Sur ces forums, on ne s'avoue pas ses failles, il y a peu de bienveillance, peu d'entraide.

Quelles seraient les solutions à envisager pour pallier à cette situation des femmes solos ?

Pour le moment les pères ont seulement le droit de visite et doivent verser une pension alimentaire. Si l'on reste sur ce schéma, les aides doivent être plus conséquentes et la priorité pour la crèche doit être donnée à ces parents solos. Actuellement rien n'oblige à rester parent quand on se sépare. Il faudrait que la loi prenne ce problème à bras le corps.

Quels retours avez-vous eu après la parution du roman ?

Beaucoup de retours d'hommes étonnamment. Des femmes aussi, qui se confiaient et m'avouaient qu'il leur arrivait de mettre en danger leur enfant à cause de cette solitude subie. Nous sommes dans une société individualiste, avant la famille était au sens élargi, maintenant les familles sont isolées, séparées, géographiquement souvent. Ces femmes n'ont personne sur qui s'appuyer.

C'est une photographie de Anni Leppala, j'ai demandé à l'éditeur de choisir une de ses photos pour la couverture de mon roman, ils ont choisi celle-ci. Toutes ses photos sont magnifiques.

Pourquoi aborder aussi ce thème de la violence conjugale ?
C'est un thème qui me tient à coeur. D'ailleurs je travaille sur une pièce de théâtre actuellement sur ce thème. Elle sera en janvier au théâtre de la Pépinière dans le cadre du Paris des Femmes.

A lire : Tenir jusqu'à l'aube

Merci à l'agence Anne et Arnaud et au service communication chic et choc de la Fnac pour cette belle rencontre ! et merci à Benoît de A l'ombre du Noyer, Eva du blog Tu vas t'abîmer les yeux, Séverine de Blablamia, Camille de Mémoires du vivant, Nath du Boudoir de Nath, Audrey Du Souffle des mots et les autres blogueurs pour ce beau moment partagé