The Goon Sax, c'est une jeunesse - ils n'ont pas vingt ans - de plus en plus rare, une jeunesse qui aime encore l'indie rock, devenue au fil du temps un repère de trentenaires voire quadragénaires un peu aigris. Certains pour rester jeunes s'obligent à écouter de la musique de la génération suivante : le rap, le r'n'b, Pro Tools et les voix passées au vocoder, persuadés que l'époque a forcément raison. A l'inverse, il y a bien sûr ceux qui pensent, adeptes indécrottables du "c'était mieux avant", qu'elle a tort, en éternels nostalgiques de leur jeunesse. Et puis, il y a ceux qui s'en moquent - les plus nombreux ? - parce qu'ils ont juste envie d'écouter ce qui leur plaît et tant pis si ça sonne vieux ou jeune. The Goon Sax ont été biberonnés au rock indépendant australien, surtout aux Go-Betweens - un des membres est d'ailleurs le fils de Robert Forster - et au "Dunedin Sound" des voisins néo-zélandais et pour eux, ce n'est pas grave si cette musique est largement passée de mode.
Ces trois-là écrivent ensemble, chantent tous un peu, s'échangent les instruments avec une telle fraîcheur, une telle absence de calcul et d'attitude qu'on pourrait trouver cela suspect. "We're not talking" marque une nouvelle étape de leur carrière, avec des chansons plus matures, plus travaillées mais qui n'en gardent pas moins ce naturel confondant pour tresser de brillantes mélodies avec des accords simples, trois fois rien. Les trois premiers morceaux ("Make Time 4 Love", "Lost Love" et "She Knows") de ce disque sont à titre d'exemples, de formidables réussites, tubes indie pop en puissance. On attend avec impatience la suite de la carrière de The Goon Sax, espérant qu'ils sauront garder cette passion, ce non besoin apparent de plaire, ce charme d'une jeunesse presque disparue.