Le Pont de la Rivière Kwaï

Publié le 13 juin 2008 par Collectif Ldp

Sarkozie, an II. Deux grandes lignes de force se dégagent. Au risque d'enfoncer les portes ouvertes, je tente deux constats :
- Primo, le sarkozysme ne s'épuisera pas de lui-même. Par essence, il est infatigable. C'est sa marque de fabrique, son âme. Bien d'avantage que son contenu (qui certes nous horrifie et que jour après jour nous contestons un peu plus), le sarkozysme est une mécanique politique qui aura raison à terme de toute forme d'opposition, si on s'obstine à l'affronter sur son propre terrain. L'anti-sarkozysme est usable. Le sarkozysme est lui, inusable. Il nous en administre la preuve tous les jours depuis 2002.
Critiquons-le, il se nourrit de la critique. Ignorons-le, il prospère. Caricaturons-le, il passe outre. Réjouissons-nous de sondages d'opinion enfin calamiteux, il n'en a cure. Décidons-nous à l'affronter, il est déjà ailleurs, abandonnant le champ de bataille à ses ennemis et assiégeant déjà une autre forteresse.
Je n'ai pas de solution magique. D'autres sont bien mieux qualifiés pour dessiner les plans de la contre-attaque. Mais celle-ci ne pourra pas faire l'économie d'une prise de recul vitale, d'un temps laissé à l'observation, à l'analyse, à la compréhension même d'un phénomène qui aujourd'hui nous dépasse et dont nous aurions tort de ne pas mesurer la colossale portée politique pour la France, et au-delà l'Europe.

- Secundo, le Sarkozysme peut se développer aujourd'hui uniquement parceque la Gauche, et ses composantes, sont en état de sidération catatonique, de K.O. debout.
Ainsi, ce matin même, certaines voix (et pas qu'à gauche) commençaient à s'émouvoir de la présence de Bachar al-Assad au prochain défilé du 14 juillet. Las ! Ce fut au tour de Jack Lang, David Niven du jour, de se charger cette fois du sale petit boulot de sarkozyste de base en s'empressant de déclarer qu'il ne voyait pas où était le problème... Et de déminer le Pont. Une fois de plus. Pathétique.

La vraie question ici encore n'est pas : que faire ? Cela viendra plus tard. Mais plutôt : comment est-ce possible ? comment en est-on arrivé là ?Le simple opportunisme politique le plus trivial devrait en toute logique pousser nos responsables et politiciens de gauche à s'engouffrer dans le boulevard d'opposition que le sarkozysme ouvre derrière lui. Et pourtant rien. Rien ne se passe. cru que le sarkozysme allait suivre les règles habituelles de la négociation paritaire. Gauche extrême et extrême gauche toujours aussi incapables de convaincre et d'emporter l'adhésion d'une frange suffisamment considérable de l'opinion pour remplir enfin les rues des foules d'un romantique grand soir. Gauche dite "de gouvernement" enfin, se résumant à quelques groupuscules inaudibles et électoralement laminés (Verts, MRG, ...) et à la
Comment est-ce possible ?
Jusqu'à la droite elle-même dont toutes les composantes sont aujourd'hui réduites au silence et à la soumission. Au point pour certains d'y perdre leurs soutiens et leurs fiefs électoraux. Comment est-ce possible ?
Grands syndicats (y compris patronaux !!) bernés et complètement déboussolés pour avoir (cliquez le lien pour lire...)
Pétaudière de olférino qui, à l'instar des autres gauches européennes, n'en finit plus selon la rafraîchissante (et vitale !) analyse d'Emmanuel Todd de construire son .
Tel est le paysage politique qui s'offre à nos yeux, après à peine 14 mois de sarkozysme.
Je n'en ai pas la clé. Mais je la cherche, ou du moins j'essaye...



Songe.