Français(e)s, Allemand(e)s, Soviétiques, Tchèques, Norvégien(ne)s, Polonais(e)s, Tziganes, Hollandais(e)s, Espagnol(e)s, Grecs, Italien(ne)s, Suédois(e)s, qui avec mille ruses, milles chances, mille entraides, mille volontés de vivre, milles combats dans les luttes internes pour la survie, ont survécus à l'internement, aux marches de la mort de ce début 1945 où le III Reich s'effrondait mais encore plus dément que jamais, les forçait à un exode vers l’Ouest.
Ô qu'aurais je aimer vous connaître Micheline, Charlotte, Paul, Elie, David, Zalmem, Piotr, Eugen, Primo, Chil, Pierre, Anne-Lise, Ruth, Robert... Vos premiers jours de liberté si longtemps rêvé, désiré, furent le plus souvent à la fois beaux et plein de désarroi, de désenchantement, car se passant dans le dénuement du no man’s land entre l'abandon des SS et la venue des Soviétiques, pour la plupart d’entre vous, ou des Américains. Désenchantement aussi lors du retour dans vos pays, dans vos familles, chez vos amis. L’impossibilité de transmettre, l’impossibilité d'être compris. Restait le silence, les rencontres entre camarades qui s'espaçaient peu à peu. L'ostracisation de la Société également, "nous aussi ont a souffert sous l'occupation" disaient ils, sans savoir, sans vouloir savoir, ce que vous aviez été au delà de la souffrance, au delà de la mort. Parfois, vous avez mis, 10 ans, 20 ans, 40 ans, 50 ans pour écrire votre témoignage. Moi enfant de l'après guerre, ils me reste que vos mots pour vous parler.
Dans ce monde en décrépitude, presque (à peine ?) 75 ans après la fin de la seconde guerre mondiale, qu'avons nous fait de vos victoires, de vos retours ? Presque rien. Ou si peu. Il me semble que nous sommes doublement fautif : de vous avoir oubliés ; d'avoir laissé faire nos gouvernements qui ont détruits le monde pour lequel vos victoires était faites.
Par nos dérisoires combats de petits bonheurs de progression sociale, de libertés superficielles nous avons abdiqués vos souvenirs. Alors voilà, nous avons construit un présent sans passé et cette maison sans fondation, qui auraient dû être faite de vos victoires, se fissure, s'écroule, s’effrondre. Nous aurions dû revendiquer comme nôtres, vos chemins de souffrance, mais les Beatles, Mais 68, si nécessaire soient ils, clôturaient une époque et la nouvelle qui s'annoncait faite de plaisirs, de jouissances, de présent exacerbé, vous rejetait dans le néant de l’oubli. Au moment où peut être nous aurions eu le plus besoin de vous, nous vous avons effacés de nos mémoires. Qu'avons nous faits de vos victoires ? Bien peu de choses par rapport à ce qu'elles ont représentées pour vous. Alors, entamant la dernière portion de mon chemin, je veux mettre en image vos mots, qu'ils résonnent de nouveau à nos oreilles, à nos yeux, à nos âmes, comme un chant dernier, pour dire que vos victoires ont existés et qu'un jour elles seront récompensées. Pour que dans les nuits qui viennent, semer votre lumière.