Dans vos recrutements ou vos projets internes, avez-vous le réflexe d’aller chercher des seniors ? Peut-être pas. Influencés par la culture des start up de la Silicon Valley, nous pensons parfois que les collaborateurs les plus jeunes sont les plus susceptibles d’innover. A l’aise avec les nouvelles technologies, bercés par internet et les réseaux sociaux et encore épargnés par le poids des habitudes, ils seraient les plus enclins à générer de nouvelles idées.
Pas si simple !
Dans son ouvrage Tout le monde veut aimer son travail, Marylène Delbourg-Delphis nous invite à revoir nos idées préconçues sur l’âge et l’innovation, et à favoriser davantage de diversité générationnelle dans nos équipes :
« Le postulat implicite est que les jeunes vont travailler plus parce qu’ils n’ont pas encore de famille à charge et qu’ils vont coûter moins cher. La raison plus explicite de cette discrimination par l’âge est que les jeunes seraient plus créatifs : mais cette idée reçue n’est pas vraiment corroborée par les faits ni par l’histoire. Dans Originals, traduit en français sous le titre Osez sortir du rang !, Adam Grant analyse les deux types de créatifs, les jeunes génies et les vieux maîtres, et les deux styles d’innovation, l’innovation conceptuelle et l’innovation expérimentale.
- Les innovateurs conceptuels sont généralement plus jeunes.
- Les innovateurs expérimentaux ont souvent été créatifs toute leur vie et plus productifs sur le tard. Grant indique que, lorsque les sociétés ont des boîtes à suggestions, les employés plus âgés ont tendance à soumettre un plus grand nombre d’idées et qu’elles sont de meilleure qualité.
Cette distinction est confirmée par les recherches de Pagan Kennedy, l’auteur de Inventology. Dans un article pour le New York Times, elle raconte l’histoire de John Goodenough, qui a co-inventé la batterie lithium-ion en 1980. Il avait alors 57 ans. En 2017, à l’âge de 94 ans, il a déclenché un buzz extraordinaire quand lui et son équipe de l’université du Texas ont déposé un brevet pour une nouvelle batterie beaucoup plus légère et moins coûteuse pour les voitures électriques.
La valeur des employés plus âgés est confirmée par une quantité de chercheurs et, avec elle, la relativité de la notion d’âge. Peter Capelli et Bill Novelli font remarquer que les individus âgés de 65 ans aujourd’hui ne sont pas plus susceptibles d’être malades que ceux qui avaient 55 ans il y a une génération. Le résultat, ajoute Cappelli, est « qu’il y a un groupe important de gens en bonne santé qui a envie et besoin de travailler. Les employeurs qui veulent embaucher une force de travail compétente et motivée ne peuvent pas les ignorer. »
Alors, qu’en est-il de la diversité générationnelle dans vos équipes ? Avez-vous à la fois des « jeunes génies » et des « vieux maîtres » ? Puisqu’ils ne sont pas naturellement enclins vers les mêmes formes d’innovation, vous auriez probablement avantage à les faire travailler ensemble.
Les initiatives de reverse mentoring peuvent être un premier pas. Davantage familiariser les seniors avec des outils en ligne, des applications les aidera à innover. Les nouvelles technologies apportent de plus en plus d’outils souvent gratuits ou peu chers qui permettent de fabriquer un premier prototype, de mener des tests ou encore de recueillir du feedback. Les repérer et apprendre à les utiliser vous aidera à diffuser plus largement une culture d’innovation dans vos équipes, quelle que soit votre pyramide des âges !