«La Francophonie ne fait rien!», pestait Daniel Turp, député de Mercier, hier. Ce dernier a publié en après-midi un communiqué conjoint avec un député socialiste français, Patrick Bloche. Tous deux estiment que, depuis l'adoption d'une importante déclaration, à Bamako au Mali, en novembre 2000, les instances de la Francophonie ont tous les moyens de sévir «dans les cas de violations graves ou massives des droits et libertés» ou dans les cas de «rupture de la démocratie». La déclaration de Bamako est claire: un pays où il y a «violation massive des droits de l'homme» s'expose à une série de sanctions qui vont jusqu'à la «suspension de la participation des représentants du pays concerné aux réunions des instances».
Or, si ces principes ont été appliqués depuis huit ans dans les cas de «rupture de la démocratie» manifeste (Comores, Congo, Côte-d'Ivoire, Guinée Bissau, Haïti, Mauritanie, RCA, RDC, Rwanda), ils ne l'ont jamais été pour des «violations massives de droits». Les députés signalent que, dans son dernier rapport annuel, la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH) a signalé plusieurs violations importantes dans une quinzaine de pays de la Francophonie. Diplomates, les députés Turp et Bloche n'ont pas cité explicitement les Tunisie, Burundi, Rwanda, Maroc, Cameroun, Côte-D'Ivoire, Sénégal, Liban, Égypte, etc., qui sont pointés du doigt dans plusieurs rapports, dont celui de la FIDH évoqué plus haut. Dans ces pays, ont insisté MM. Bloche et Turp, on déplore des violations graves du «droit à la liberté d'opinion et d'expression, de la liberté de réunion et de manifestation et de la liberté d'association des défenseurs des droits et libertés dans les pays de la Francophonie», soulignent Bloche et Turp.
À leurs yeux, les instances de la Francophonie devraient donc prendre des «initiatives et des actions afin que cessent de telles violations». Jusqu'à exclure un de ces pays du prochain Sommet, qui se tiendra à Québec, en octobre? «Ça devrait bien sûr aller jusque-là», estiment-ils.
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