L’agriculture française génère 1,5% du PIB du pays. Elle nourrit les français et contribue à la production de l’Union Européenne. La France bénéficie de vastes zones de pâturage, d’un capital génétique exceptionnel doté de nombreuses races « à viande[i] » ainsi que du savoir-faire de ses éleveurs. Contrairement à l’Allemagne (troupeau à dominante laitière) ou à l’Irlande (forte utilisation du croisement), la production de viande bovine en France se caractérise par l’élevage de vaches allaitantes exploitées essentiellement en race pure (83,9% des naissances en 2015), qui sont à l’origine de 65% des viandes issues de gros bovins[ii].
Des enjeux sociétaux et économiques associés à des innovations technologiques sont en cours de transformer radicalement notre manière de consommer des protéines animales. Outre Atlantique, les progrès biotechnologiques ont permis en moins de 10 ans, de rendre accessible aux consommateurs la viande de synthèse. Plus près, en Europe, une équipe de l’université de Maastricht a créé un entreprise qui a vocation, à terme, d’industrialiser un steak de laboratoire dont le premier prototype est paru en août 2013. Cet été-là, à Londres, la société Mosa Meat, avait en effet convié la presse et fait déguster par des volontaires, un steak, cultivé en éprouvette à partir de cellules souche prélevées sur une vache.
Mise sur la sellette par des mouvements anti-viande, confrontée à des difficultés économiques sur ses ventes et ses financements, la filière viande française va très rapidement avoir à faire face à ces produits de substitution de ce nouveau genre, supportés directement ou indirectement par des acteurs disposant d’un impact financier et normatif puissant comme nous le verrons dans ce livre.
Le slogan « manger moins (et mieux) de viande» laisse penser que pour mieux manger il faut moins manger, et surtout manger différemment. L’argument marketing est imparable : plus d’éthique, moins de souffrance animale, et à manger pour tous. Pourtant, il y a une démarche mercantile derrière ces idéologies : pénétrer le marché de la viande de synthèse. Ne nous leurrons pas : le véganisme n’est pas vraiment un retour à la nature mais un mode de vie différent nécessitant des alternatives à la viande pour pouvoir survivre.
Durant l’année 2018 et le début de l’année 2018, des étudiants professionnels de l’EGE ont travaillé sur cette question.
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[i] Les célèbres charolaise, Limousine, Blonde d’Aquitaine, Rouge des près et d’autres moins connues comme la Parthenaise, ainsi que les races bouchères rustiques productives (Aubrac, Salers, Gasconne,…) plus particulièrement adaptées à des conditions fourragères et climatiques difficiles.
[ii] Source INRA Prod. Anim.,2017, 30 (2), 107-124- Institut de l’Élevage 2016 et 2017.
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