En quelques années, la mode – surtout celle à bas prix – a pris un essor et une place considérables dans nos vies. L’envie de changement et de suivre les « tendances » – la plus belle stratégie marketing de tous les temps – a amené l’industrie de la mode à s’adapter : des collections changeantes, des réductions pour écouler les stocks non vendus et, surtout, une production en quantité énorme, afin de diminuer les prix. Fini le temps où pour avoir du style, il fallait vendre un rein. La fast-fashion a bien compris que derrière les frustrations, il y avait un marché… et nous vend aujourd’hui la possibilité d’être bien looké-e pour un prix abordable.
Mais abordable pour qui?
Ce qui, en fait, arrange bien les géants de la fast-fashion car un bon achat est celui qui vous fait revenir: « je ne vais pas m’embêter à réparer un top à 15€ alors qu’il est informe et troué… Je vais en acheter un autre au même prix, ça me coûtera sûrement moins cher » .
Bienvenue dans le monde de la mode jetable.
Quelques chiffres :
Comme vous pouvez vous en douter, l’industrie de la mode (telle qu’elle est maintenant) est également anti-écologique et pour de nombreuses raisons. Si on veut en déterminer les conséquences réelles, il faut chercher à la source même : le cycle de vie entier du vêtement.
1) La production de la matière :
Mais ce n’est pas tout… Pour toute la production mondiale de coton, 80% des cultures seraient issues des semences OGM de Monsanto. Il a été démontré que le coton d’aujourd’hui a besoin de plus en plus de pesticides car les insectes et parasites deviennent résistants. Notamment en Inde.
Gourmand en pesticides mais surtout en eau, un tee-shirt en coton classique c’est 2 700 litres d’eau utilisés, d’après les estimations de Greenpeace. Et dans ces litres d’eau, n’est pas comptée la quantité nécessaire pour le blanchir au chlore et le teindre. L’estimation peut ainsi monter jusqu’à 7 000 litres pour une paire de jeans.
Bref, le coton, c’est pas la joie… Surtout que pour l’instant, la production bio est estimée à 1% de la culture totale du coton. Même si la demande s’accroît, un coton bio n’est pas forcément bio jusqu’aux traitements de blanchissement ou de teinture.
2) Le traitement chimique pour transformer le coton en top super chic !
Techniquement, pour obtenir un joli coton, il faut le filer afin de le rendre utilisable. Forcément, dans l’industrie, le filage se fait grâce à des machines fonctionnant à l’électricité (fournie par des centrales nucléaires ou à charbon).
Suite à ce filage, le coton est enrobé dans des agents d’encollage (qui peuvent être naturel comme l’amidon et ses dérivés ou issus de la pétrochimie, dans ce cas, ce sont des polymères) pour protéger les machines. Cependant, il faut ensuite laver les fils car ils sont inutilisables en l’état (et les agents chimiques se retrouvent…dans l’eau !). Ça fait rêver et pourtant, nous sommes bien loin d’avoir notre tee-shirt !
Pour colorer le coton, il faut d’abord le blanchir. Avec du chlore. Et de l’eau. Et oui, encore. Ensuite, il faut le teinter, et la plupart des colorants chimiques utilisés sont très polluants et/ou dangereux pour la santé, les réglementations sont beaucoup plus souples dans les pays où la main d’oeuvre ne coûte pas cher.
Pour finir, sur certains articles, des traitements chimiques sont ajoutés pour faciliter le repassage, comme sur les chemises par exemple, ou pour imperméabiliser. Ainsi sur un tee-shirt, on peut trouver de la soude, de l’amidon ou encore des résines synthétiques. Un joli cocktail (molotov pour la Planète).
3) Le transport :
Et pour faire venir ces vêtements produits à la tonne, quel est le meilleur moyen ? Un cargo, évidemment. Ce merveilleux transport qui fonctionne au pétrole et produit autant de pollution que 50.000 voitures. D’après l’ADEME, une paire de jeans peut parcourir jusqu’à 65 000 km avant d’arriver dans votre magasin ! Je vous laisse imaginer l’impact de chaque ravitaillement des centrales de chaque marque de fast-fashion.
4) L’entretien :
Souvent oublié dans la comptabilisation de son impact, l’entretien est pourtant une étape cruciale dans la vie d’un vêtement. En effet, une machine à 90°C demande 3 fois plus d’électricité pour chauffer l’eau qu’une machine de linge à 30°C. Sans compter que pour chaque vêtement synthétique lavé, des micro particules de plastiques se déversent dans l’eau et, pour l’instant, nous n’avons pas les moyens de les empêcher d’atteindre l’océan.
De plus, il faut aussi compter la consommation des sèche-linges, très gourmands en électricité également.
Ajoutez une lessive chimique, et on obtient une pollution massive que nous pourrions facilement éviter en changeant quelques habitudes.
5) La fin de vie :
On pourrait penser qu’une fois arrivé à la fin de sa vie, notre bien-aimé tee-shirt a bien mérité une retraite à Hawaï. Or ce n’est pas toujours le cas. Une habitude bien ancrée chez les Français est de donner les vêtements qu’ils ne portent plus : Emmaüs, les Resto du Cœur, La Croix Rouge…
Depuis quelques années, nous voyons fleurir des bornes pour recycler les vêtements/chaussures/accessoires. Notamment Le Relais. Toutefois, il faut savoir que seulement 6% des vêtements sont revendus en friperie et 55% part en Afrique sur cargo (encore).
Malheureusement pour nos amis africains, leur marché textile est inondé de vêtements à recycler et bien souvent issus de la fast-fashion. Résultat, des vêtements difficiles à réparer et qui finissent dans leurs décharges.
6) Les conditions de travail :
Nous avons de la chance en France : nous sommes protégés par le droit du travail. Or il n’en est pas toujours de même dans d’autres pays, qu’ils soient « développés » ou « en voie de développement ». Dans les pays asiatiques, le droit du travail est relativement inexistant pour l’instant.
Par exemple, l’Organisation Internationale du Travail estime que l’industrie manufacturière emploie 9% des enfants travaillant dans le monde.
Les locaux sont la plupart du temps insalubres et exigus, et les produits utilisés dans le cadre de la fabrication des produits, nocifs : de nombreux employés (adultes comme enfants) souffrent de problèmes de santé, à cause de leurs conditions de travail.
Quelques idées pour réduire l’impact de la mode et consommer slow :
- Oublier la fast-fashion et opter pour des fringues intemporelles qui durent dans le temps et que vous remettrez souvent (vous savez celles qu’on appelle des « basiques »). Peut-être un peu plus onéreuses certes, mais durables sur le long terme. Privilégiez la qualité à la quantité : acheter moins mais acheter mieux !
- Privilégier le coton bio et équitable certifié Global Organis Texture Standard (GOTS) ou labellisé Oeko-tex. Bien qu’il n’échappe pas forcément aux traitements chimiques, le coton bio évite au moins les pesticides et réalise quelques économies d’eau.
- S’orienter vers des marques éthiques.
- Acheter d’occasion : les vides greniers, les applications de vide-dressing et le bon coin regorgent d’articles canons en bon état ! Ils n’attendent que vous.
- Se mettre à la couture ! Repriser ses vêtements, recoudre un bouton, voire les transformer complètement, c’est tendance et écolo.
- Privilégier les lavages à froid (30°) et les séchages à l’air libre. En effet, ça permet à la fois de réduire la consommation d’électricité mais aussi de prolonger la vie de vos vêtements.
J’espère que cet article sur la mode éthique vous a plu, n’hésitez pas à me donner vos impressions et ce que vous faites au quotidien pour faire du bien à la Planète !
Je vous embrasse,
Pour aller plus loin :
- La mode, pire polleur du monde selon Médiapart ?
- L’impact de la mode sur l’environnement par Mémé dans ses orties.
- D’après le Huffington Post, l’impact du textile sur la Planète.
- Des chiffres de Greenpeace sur la pollution due à la mode en Chine.
- Une pensée durable pour allier mode et développement sans polluer !
- Greenpeace nous explique le fléau de la fast-fashion !
- La Chine s’éveille au droit du travail et les conflits aussi.
- Le contexte et les enjeux de la production de coton.