Les Hommes raconte l'histoire d'une âme en transit, celle de Poupée, accidentée de la route...
Poupée (Anne Vouilloz), pendant ce transit, est confrontée à elle-même (elle a près de la soixantaine...) et aux hommes qui ont marqué sa vie.
Après son accident, où elle a plié sa Ford Mustang, blessée, elle aboutit à une station-service, qui est en piteux et poussiéreux état et où il est encore possible de s'accouder à ce qui reste d'un bar et de faire jouer des airs à un juke-box antédiluvien.
Le téléphone sonne: c'est le conducteur (Jean-Paul Favre) qui a provoqué son accident. Il se soucie, au début de leur conversation, moins de ce qui lui est arrivé que de l'état de sa voiture...
Dans ce local délabré, où traînent des jantes, des disques de frein, des pneus, des sièges, une banquette, tout un chenil, Poupée revoit Max (Frédéric Polier), son premier amour.
Max l'aimait à en mourir quand ils étaient ados, mais il fallait qu'elle voie, qu'elle explore:
La jeunesse, c'est fait pour ça, non? Pour se tromper...
Sur l'écran d'une vieille télé, qui jonche le sol de la station-service, apparaît Ken (Edmond Vuilloud), son mari, son connard d'amour, dont elle a voulu se libérer en partant au volant de la Mustang dont il lui a fait cadeau...
Un garçon (Martin Bochatay) se profile derrière les carreaux, dont nombre sont cassés. C'est son père jeune: lors d'un tel transit, il n'est plus de chronologie qui tienne. Ce père d'avant sa naissance dit à Max:
Tous les pères devraient l'être [reconnaissants] envers les hommes qui aiment leur propre fille.
Un film Super-8 muet défile sur le mur. Cette fois, c'est son père adulte (Roland Vouilloz) qui joue avec elle, petite fille (Adèle Bochatay).
L'homme le plus terrible enfin, c'est l'agresseur (Antonio Buil), qui sait mettre en opposition le corps et la raison de Poupée.
Chez tous Les hommes de Poupée, il y a, quoi qu'il en soit, quelque chose d'ambigu qui ressemble à l'amour et qui n'est en tout cas pas l'amour d'une midinette:
Il faut se soumettre. Non pas à l'ordre, mais au sens. Il faut se soumettre. Non pas à la peur de perdre, mais au risque de tout perdre.
La quête de Poupée n'est pas finie que survient l'ange noir (Lucien Merrone)...
Fin, ou presque, du transit... et de la performance d'Anne Vouilloz à laquelle ses comparses, criants de vérité, servent de bel écrin.
Francis Richard
Accès:
Pulloff Théâtres
Rue de l'Industrie 10
CH-1005 Lausanne
Réservations:
Tél. : 021 311 44 22
www.pulloff.ch
Mise en scène: Anne Vouilloz et Joseph Incardona
Jeu:
Sur scène: Anne Vouilloz, Frédéric Polier, Antonio Buil, Martin Bochatay et Lucien Merrone
A l'écran: Edmond Vullioud, Roland Vouilloz et Adèle Bochatay
Au téléphone: Jean-Paul Favre
Séquences filmées: Cyril Bron
Scénographie: Célia Zanghi
Lumières: Jean-Pierre Potvliege
Costumes: Sophie Haralambis
Coiffures et maquillages: Johannita Mutter
Régie: Patrick Guex
Assistant à la mise en scène: Giuseppe Merrone
Photographie: Anne Voeffray
Graphisme: Marc-Antoine de Muralt
Prochaines représentations:
Du 7 au 23 septembre 2018
Mardi, jeudi, samedi: 19h
Mercrdi, vendredi: 20h
Dimanche:18h
Le texte de la pièce est sorti le 4 septembre 2018, le jour même de la première de cette création, et est publié par BSN Press: