"Parfois, quand j'entre dans mon bureau, j'ai l'impression de marcher dans les ruines d'une ancienne civilisation. Non à cause du désordre qui y règne, mais parce que certainement cela ressemble aux vestiges de l'être civilisé que je fus jadis".
Ainsi parle Blacksad, détective privé aux méthodes musclés, mais à la sensibilité à fleur de peau. Il aimerait bien être plus guilleret, l'animal, mais la dépression le ronge, et pour une juste cause : Natalia Wilford, actrice à succès et ancien amour encore si présent, vient de se faire cruellement assassiner. Blacksad va donc, en dépis des conseils du commissaire Smirnov, tenter d'élucider la mort de son ancienne compagne afin de retrouver la paix.
Mais l'enquête est bien loin d'être aisée pour notre héros, qui se lance dans un combat dont l'opposant peut être bien plus puissant qu'il ne le soupçonne...
Oldsmill, le maître de la ville, est un tigre blanc. Karup, le chef de la police, un ours blanc. Huk, l'âme damnée de Karup, un renard blanc. Avec les autres animaux à pelage immaculé, ils forment la société WASP (W pour White, AS pour Anglo-Saxon, P pour Protestant). Tous les autres habitants, de la pie noire au renard brun-roux en passant par le chat tacheté et la biche châtain, ne sont que racaille. Et si la police n'est pas capable de maintenir l'ordre des blancs, les gros bras d'Arctic-Nation, le parti raciste, cagoulés et vêtus de robes blanches, s'en chargent sans états d'âme. Ils ont les cordes et les croix enflammées qu'il faut. Dans cette ambiance pas câline, câline, Blacksad, le chat détective privé, enquête sur la disparition d'une enfant de couleur. La mère de Kyle, Dinah, travaillait comme femme de ménage chez le même Karup et, selon quelques bonnes âmes, serait au mieux avec le fils Oldsmill. Un vrai nœud de vipères dans lequel Blacksad plonge les pattes et joue au justicier prompt à griffer si nécessaire... Son seul appui est Weekly, le reporter d'un magazine à scandale, un fouille-merde qui sera utile à John. Et ça vaut mieux. Coups bas et coups tordus vont pleuvoir comme à Gravelotte...
C'est grâce à des révisions pour des concours que j'ai pu mettre un titre et des noms à cette bande dessinée. Je pense que je connaissais le personnage à la tête de chat, mais pas plus. Si j'adore les dessins, j'ai été beaucoup moins admirative à propos du récit. Retour sur ces deux lectures.
Je ne savais pas dans quel genre d'histoire je me lançais, j'avais juste envie de découvrir cette bande dessinée qui semble connue. Le personnage principal se prénomme John Blacksad, un détective privé qui n'a d'autre apparence que celle d'un... chat noir au museau blanc. C'est tellement atypique que je n'aurai pu rêver mieux. Je ne lis pas énormément de policiers mais, justement, vu que c'est plutôt rare, j'y prends à chaque fois beaucoup de plaisir. Donner des têtes d'animaux à des humains fait que cette histoire policière n'est pas comme les autres. Ainsi, on trouve des policiers à tête de chien, une souris agent d'entretien, un rat et un crocodile pour des hommes de main... Les dessins sont réussis, le tout étant dessiné dans des tons noirs, marrons, afin de représenter les États-Unis dans les années 1950. C'est très réussi et j'admire l'ingéniosité des créateurs de la bande dessinée.
Cependant, c'est du côté du récit que cela fonctionne moins bien. John Blacksad doit enquêter, discrètement, sur le meurtre de son ex petite-amie, l'actrice Atalia Wildford. Vu le nombre de pages de la bande dessinée, je me doutais que l'enquête serait vite bâclée ou alors que l'on saurait la vérité dans le prochain tome. Ainsi, l'enquête est vite achevée et ce n'est pas tant grâce au talent de John. Je suis donc très déçue par l'intrigue du tome 1, mais celle du tome 2 s'avère déjà plus construite, même si j'avais du mal à voir où elle nous menait. Comme dans toute histoire humaine, la guerre et le racisme ont été intégré au récit, sauf que là, il s'agit d'animaux. J'apprécie davantage la série au fil des tomes car cette deuxième enquête propose des personnages assez amusants, ce qui me donne envie de lire la suite de la série.
=> Dans le premier tome, l'intrigue est décevante car vite terminée. Le dessin et le choix d'animaux anthropomorphes constituent, selon moi, l'intérêt central de cette série de bandes dessinées.