Est-il vraiment utile de pleurer sur la fermeture d'un blog tenu par un HEC bayrouiste membre d'un think tank de l'Aspen club
?
Oui à mon sens, pour pas mal de raisons.
Tout d'abord, il ferme suite à des querelles avec des journalistes-blogueurs, sur lesquelles on trouvera un bon point de départ chez Jules de Diner's room.
Sur la qualité respective des blogs de Morandini, Birenbaum et de Versac, je ne me prononcerai pas. Je ne lis que le dernier. Une visite chez Morandini permet d'atterrir au milieu de publicités clignotantes, de ragots et racontars sur la télévision. Et les
deux ou trois visites que j'ai faites sur le Post ne m'ont pas convaincu de l'intérêt éventuel à y retourner.
Chez Versac, que l'on peut trouver de droite, de centre gauche, ou européiste, on trouvait tout de même des liens intéressants, parfois quelques idées bien senties sur l'évolution de la blogosphère
et de ses rapports avec les média.
Et puis comme le roi, Versac avait deux corps. Le corps mythique, Versac, immortel et éternel, et un corps réel, Nicolas V., patron d'entreprise moins m'as-tu-vu et nettement moins sarkozyste que
Loïc le Meur. Et grâce à son corps réel Versac c'était aussi la République des blogs, un lieu de rencontre sur lequel je ne dirai rien puisque je n'y ai jamais mis les pieds mais plutôt sympathique
dans sa conception.
Et donc sur ses deux pieds blogosphérique et humain, Versac allait bon an mal an, accumulant les succès (classement wikio, tribune dans les Echos, participation au comité des fêtes de la Présidence
française de l'Union...)
Tout ça a évidemment de quoi énerver des journalistes qui ont certainement des talents mais pas, sur la blogosphère, la même notoriété.
Donc quoi ? Hé bien, Versac avait récemment animé (imprudemment à mon goût, mais passons) un atelier sur la blogosphère, auquel participaient des membres du cabinet d'Eric Besson. Signe possible
que là haut des textes se préparent pour encadrer l'activité de blogueurs.
Or, avec le couple Versac/Embruns nous avions, malgré ce que l'on peut leur reprocher (ici par exemple), une sorte de représentation semi-officielle des blogueurs auprès des
pouvoirs en place. Versac ne bloguant plus ne peut guère représenter les blogueurs et Embruns déménageant pour rejoindre son lapin, il va y avoir un vide. Eolas est limité dans ses capacités de
représentation par son anonymat compréhensible (et puis c'est un européiste d'une mauvaise foi abyssale). Et comme l'écrit un commentateur, M. Jegpol, de Partageons mon avis (génial titre) : "Quand Versac prenait les coups pour nous et en supportait la
pression, ça avait un avantage."
Donc pour moi la question n'est pas tant "qui va remplacer Versac au classement Wikio ?", mais qui va défendre les blogueurs amateurs face aux média courroucés par la concurrence
d'amateurs éclairés et qui seront forcément tentés de soutenir toutes sortes de mesures destinées à restreindre la possibilité de bloguer tranquille ? Nous n'y sommes pas encore, mais gardons
nous bien de baisser la garde. Je serais tenté d'inviter Versac à rester encore un peu, ne serait-ce que pour, non pas nommer un successeur - après tout ce sont les lecteurs qui désigneront le
futur influençeur en chef - mais pour assurer une transition tranquille, par exemple en expliquant ce que devient la RDB.
Le roi n'est pas encore mort, vive le roi ?