Jazzoo accorde mineurs et majeurs à la Philarmonie de Paris

Publié le 03 septembre 2018 par Assurbanipal

Festival Jazz à la Villette

Philarmonie de Paris

Samedi 1er septembre 2018.16h

Goran Kajfes: trompette

Per " Rusktrask " Johansson: saxophone alto, flûte, clarinette basse, guimbarde

Daniel Karlsson: piano et claviers

Peter Forss: contrebasse et guitare basse électrique

Lars Skoglund: batterie

Je me souviens de mon premier concert de Jazz. J'avais 6 ans. Du boogie woogie au TNB à Rennes. Mon père Michel Lagrée m'y avait amené. Ca m'a collé le virus à vie.

Aujourd'hui, le concert est ouvert aux spectateurs âgés de 3 ans minimum. C'est une obligation légale violée allègrement par certains Jazzfans qui apprennent encore à marcher mais sont déjà complètement zazous. Il faut dire que le groupe suédois Oddjob (rien à voir avec le méchant de James Bond pour les cinéphiles) leur a concocté un programme aux petits oignons. Chaque morceau de est inspiré d'un animal qu'il soit petit (la mouche) ou gros (la baleine). Pour l'écoute à domicile, l'album est accompagné d'un livre d'images. Sur scène, le concert est accompagné d'un dessin animé racontant l'histoire de chaque animal joué.

Pour une meilleure interaction avec leur public de mélomanes en herbe, chaque musicien se présente en français après avoir joué quelques notes de son instrument. " Bonjour, je m'appelle Goran et je joue de la trompette " dit avec l'accent suédois, cela charme l'auditoire. Il y a aussi une jeune femme qui, depuis son ordinateur portable, contrôle les images et les bruitages mais je n'ai pas compris son prénom.

Le programme comprend des morceaux tirés de déjà disponible et de Jazzoo 2 à paraître en octobre 2018. Ca commence avec le ver de terre qui part en promenade pour trouver à manger. Le souci pour lui ce sont tous ces oiseaux qui veulent en faire leur manger. Nous partageons les angoisses existentielles du gentil lombric (Manger ou être mangé, telle est la question) mais il s'en sort et retrouve son amie la chenille pour manger en paix.

Le singe joué par la guitare basse. Le héros, c'est un jeune éléphant qui a décidé de faire la fête alors que toute la jungle a envie de dormir. La trompette barrit comme un jeune éléphant en goguette. Avec le clavier électrique et la basse, ça groove comme un éléphant qui danse. Sauf que danser tout seul c'est ennuyeux surtout quand tous les animaux de la jungle vous disent " Chut! ". L'éléphanteau finira par rentrer dans le moule et dormir comme tout le monde. Les enfants écoutent sagement sans danser alors qu'il y a de la place pour. Personne ne leur a dit qu'ils pouvaient danser. Ni leurs parents, ni le personnel de la Philarmonie de Paris. Enfants, au prochain concert de où vous traînerez vos parents de gré ou de force ( ne leur laissez pas le choix, c'est pour leur bien), dites leur que vous avez le droit de danser avec la musique. Cela fait partie de l'esprit .

Le kangourou (cf vidéo sous cet article). Son ami koala veut bondir comme lui. Comment faire? Vous le saurez en regardant le film sous l'article et en allant voir sur scène. La musique bondit, tombe, rebondit joyeusement.

Clarinette basse pour jouer le dialogue entre un coq paresseux et une poule dynamique. Cette musique vient de l'expressivité de Charles Mingus.

La musique devient planante pour décrire le vol de l'aigle au dessus des montagnes. Petits et grands décollent avec le Roi des airs.

Contrebasse et batterie racontent la marche lente d'un crocodile qui a faim. Contrairement au lombric, rien ne l'arrête. Il finit même par dévorer un pique nique mais pas les convives partis à temps.

Le rythme dandiné du canard. Selon une vieille tradition du Jazz, c'est la trompette qui fait ses coins coins. Attention, Oddjob ne fait pas de canards! Un peu de Free Jazz qui a fait peur à un enfant dans la salle. Un pour une centaine c'est peu. Le reste est prêt pour Ornette Coleman.

Un frottement de balais sur les tambours évoque la marche de la famille hérisson. Elle doit traverser une route dangereuse, où passent des voitures, sans se faire écraser, pour trouver à manger de l'autre côté. Le groupe joue les voitures, les klaxons, la peur, les avancées, les reculs et la satisfaction finale des estomacs remplis. La flûte joue la marche du petit hérisson.

Les claquettes du pingouin. Peut-être un hommage à Prince qui écrivit " Song of the heart " pour le film " Happy feet " (2005). Ca swingue tellement qu'une petite fille de 3 ans, à vue d'œil, se met à danser. Seule et heureuse.

RAPPEL

Le gorille. Très démonstratif. Clavier et basse électrique. Trompette et sax alto. Le gorille prend le plus de fruits possibles car le gorille est un gourmand. Un luron aussi selon Georges Brassens.

RAPPEL 2

On reste dans le brutal avec l'hippopotame prêt à tout pour échapper à la canicule avec un bain frais. Gare à l'hippopotame! Clavier et basse électrique. Ca charge.

Ce soir, Oddjob n'a pas joué mon morceau préféré, . Je n'ai ni pleuré ni trépigné pour le réclamer. Les enfants étaient sages comme des images. Moi aussi. En compensation, je vous l'ai mise en extrait audio sous cet article.

Enfants, vous dont les parents croient que le Jazz est une musique ringarde, pour les grands-parents, emmenez les écouter . Ca leur décrassera les oreilles et le cerveau.

Organisateurs et programmeurs de festivals de Jazz, si vous voulez avoir un public dans 20 ans, investissez sur dès maintenant. Cela vous sera rendu au centuple.

L'abus de est recommandé pour la santé physique et mentale. A consommer sans modération.