Huitième de ses albums à ce jour, Anthem marque le grand retour de Madeleine Peyroux à l’écriture et la composition de chansons personnelles, suite notamment à The Blue Room ou Secular Hymns, deux disques uniquement composés de reprises des artistes qu’elle affectionne le plus.
Comme toujours avec la chanteuse américaine (et un tout petit peu française puisqu’elle a passé plusieurs années à Paris quand elle était adolescente), on se sent à l’aise, comme à la maison entre amis ou en famille. Et, malgré tout, les nouvelles chansons sont pour la plupart nées pendant l’année 2016, année d’élections présidentielles aux États-Unis, soit dans un contexte politique ou sociétale fort, tout cela sans oublier ce qu’il se passe à travers le monde comme nous le rappellent les actualités – ou à des défauts les réseaux sociaux.
Pour autant, par-delà des paroles abordant dès lors des thèmes parfois difficiles, les compositions demeurent d’une chaleur et un entrain plus forts que jamais ! L’aide incommensurable de ses fidèles collaborateurs Larry Klein, Patrick Warren, Brian MacLeod et David Baerwald à tous les niveaux n’y est sûrement pas étrangère.L’artiste n’oublie pas de rendre hommage à celui qui est probablement la première des ses influences : Leonard Cohen, en reprenant sa chanson « Anthem », laquelle donne ainsi son titre à tout l’album. C’est l’une de ses chansons préférées, et ce n’est donc pas un hasard si elle reprend Cohen pour la troisième déjà !
De même, elle utilise le poème « Liberté » de Paul Éluard, un texte que le poète français avait écrit pendant la Seconde Guerre Mondiale.
Pour ma part, j’ai tout de suite entendu une ressemblance frappante à l’écoute de « We might as well sing », et il m’a fallu du temps pour trouver à quelle chanson son refrain me fait penser : « Sexual healing » de Marin Gaye ! Serait-ce un hommage déguisé ?
On l’a compris, Anthem est un album né d’un sérieux, d’une réflexion, de sentiments profonds et immédiats. Dans le même temps, aucune complainte, aucun apitoiement ; il s’agit, le plus simplement et humblement du monde, de se faire plaisir et de faire plaisir, en musique. Car, par-dessus les messages, la musique atténue tout, et la voix adoucie l’ambiance.
Après désormais plus de vingt ans à chanter, Madeleine Peyroux ne faiblit pas et s’affirme encore et toujours.
(in heepro.wordpress.com, le 04/09/2018)
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