Un film qui m'a renversé par son audace, sa réalisation, sa scénarisation, ses acteurs et actrices, sa cinématographie ou tout ça en même temps.
Presque toujours, tout ça en même temps. Et plus encore.
Happiness de Todd Solondz.
J'ai découvert le film de Todd Solondz au Festival des Films du Monde quand on pouvait y aller gratuitement parce que nos films étudiants y passaient aussi. Quand c'était le paradis pour moi.
Todd Solondz est un geek. Il en a la tête. J'étais bon à l'école et fréquentait, en raison des cours avancés, plusieurs geeks. Je le connais et les comprend. On se rejoint facilement. C'était le premier film de Solondz que je voyais et tout de suite, je savait que j'avais un nouvel ami. L'audace avec laquelle il a attaqué des sujets aussi délicats que le viol, le harcèlement sexuel, la pédophilie, le suicide et le meurtre m'ont tout de suite séduit. Je n'étais pas le seul. Je voyais le film au FFM dans la catégorie "deuxième présentation: choix du public" vers la fin du Festival.
Happiness avait même comme chanson tître une chanson chantée par des héros personnel: Micheal Stipe (alors chanteur de REM) & Rain Phoenix (soeur de feu River). L'excellente Jane Adams en joue une partie à la guitare sèche dans le film.
Je ne serai pas le seul à aimer. Il obtiendra le prix des critiques à Cannes cette année-là.
Mais rire devant de tels sujets...Inconfort...
On y traite de front la pédophilie. Avec beaucoup d'humour. Les dialogues sont d'une sauvage intelligence. (Solondz donne des cours de scénarisation de nos jours dans les universités). On traite d'une galerie de personnages, dont 3 soeurs. Une, la plus volubile et l'aînée, platement mariée à un psychologue navigant avec des démons intérieurs. La seconde, superstar de la littérature et convaincue de sa beauté inatteignable, mais harcelée par un pervers de son immeuble à condos. La plus jeune, naïve et fragile, terrible dans ses choix amoureux et facile à exploiter. Et leurs parents au seuil du divorce.
Le film est si controversé dans son traitement de la pédophilie que le Festival de Sundance, qui avait honoré son excellent premier film de son meilleur prix, a refusé celui-ci.
Les dépravés du film e recherchent que ce que nous recherchons tous, mais avec une absence totale de simple morale. Dans l'abysse du désespoir humain qui nous est montré, il est suggéré que le grotesque de ses gens ordinaires ne seraient peut-être pas si exceptionnels. Et un peu partout. Pas juste au New Jersey. C'est presqu'un film d'horreur. Mais qui nous fait tant rire.
Ce n'est définitivement pas un film pour tous et ça testera vos limites morales. C'est certainement pour adultes seulement. Mais Todd Solondz a compris la misère, et plonge dans les sources du contraire du bonheur.
Le film confond le plaisir avec le bonheur et devient presque absurde.
Tout en restant si normal...et anormal...
Fameux.
J'ai bien entendu couru vers son premier film par la suite (Happiness est son second) que j'ai adoré. Puis j'ai vu son troisième. Beaucoup moins réussi.
Solondz a tenté une pseudo suite à Happiness, mais tout les rôles du premier film y étaient joués par de nouveaux comédiens. Dur de s'y retrouver. Et confirmation de vouloir copier une recette.
Et parce qu'il m'a sérieusement déstabilisé dans ses deux premiers films. Avec humour, intelligence et audace.
Et ne vous inquiétez pas, la pédophilie n'y est pas glorifiée. Elle devrait étonnamment même vous faire rire.
Jaune.